28 avril 2014

Little Joy - S/t (2008)


A l'époque ce disque avait été présenté comme un simple side-project des Strokes au moment où ces derniers battaient de l'aile. On avait fait tout un foin sur les tensions qui déchiraient la formation new-yorkaise, et la participation du batteur Fabrizio Moretti à l'album qui nous occupe avait été vue comme une véritable trahison. Maintenant que l'eau a coulé sous les ponts et que l'on sait que la bande à Casablancas ne retrouvera plus jamais sa superbe, il est temps de revenir sur ce disque injustement oublié qui méritait bien mieux que ça.

C'est avant tout la rencontre de deux brésiliens qui est à l'origine de ce projet mort-né (un seul et unique album gravé dans le marbre). Si on connaissait déjà le jeu de Moretti, c'est ici surtout la découverte du génial Rodrigo Amarante qui nous fascine. Star brésilienne pour de mauvaises raisons grâce au piètre groupe Los Hermanos multi disque d'or en pays Latin, on découvre surtout un multi-instrumentiste et arrangeur exceptionnel, passionné de musique jusqu'au bout des ongles et être humain on ne peut plus appréciable.

Réunis un soir à siroter le fameux coktail Little Joy dans un bar Californien d'Echo Park du même nom, il leur vient l'idée d'écrire ce disque simple, mélange inspiré de pop lo-fi et de bossa, de folk et de calypso. Ne manquait plus que la douce voix de Binki Shapiro pour courronner le tout, sans parler des participations vocales des amis Adam Green et Devendra Banhart (excusez du peu) et le projet était lancé.


Le résultat est un disque sans prétention à écouter à l'heure de l'apéro, une collection de onze chansons désuètes et sans âge, tantôt mélancoliques tantôt ensoleillées. Le genre de disque que l'on aimerait garder pour soi comme un secret, qui devient peu à peu un ami que l'on rappelle régulièrement. Rodrigo assure le chant en anglais et en portugais sur la quasi totalité des titres à l'exception des très doux "Unattainable" et "Don't Watch Me Dancing" susurrés par Binki. C'est sur le déchirant "With Strangers" que sa classe éclate aux yeux de tous. Un candidat de choix au titre de morceau le plus triste du monde. "Keep Me In Mind" est là pour rappeler que Moretti tient la rythmique dans ce qui est le titre le plus Stroksien de l'album. Pour le reste on navigue calmement entre le simple et le beau.

En bref : unique album humble et délicieux de pop suave et chaloupée. Pas mieux pour sentir la proximité du littoral. A redécouvrir de toute urgence!




"With Strangers" :

"Don't Watch Me Dancing" en version acoustique :

1 Comment:

Nickx said...

Je me suis attardé un peu plus sur ta chronique d'un disque que j'avais délaissé ; et je note donc la participation de l'excellent Adam Green, et de la non moins excellente Binky Shapiro, dont je ne sais si c'est la soeur de Leah, batteuse des BRMC.

Une chose est sûre : Adam et Binki ont partagé un album fort sympathique, bien chroniqué mais publié dans un anonymat relatif (comparativement aux autres albums d'Adam) en début d'année dernière.