22 avril 2014

Jello Biafra and The Guantanamo School of Medicine - 18/04/14 le Paloma (Nîmes)



Une légende au Paloma, une de plus : absolument inconcevable de rater l'une des rares dates françaises de leur maître à tous, j'ai nommé le plus fou, le plus irréductible, le plus important des activistes hardcore (et au-delà) américains, j'ai nommé l'âme des défunts et mythiques Dead Kennedys, monsieur Jello Biafra et son nouveau groupe l'Institut Médicamenteux de Guantanemo, on apprécie la volée !


C'est du coup l'occasion de retrouvailles quadra/quinqua plutôt sympas de vieux de la vieille ayant depuis toujours trimé leur Perfecto et leurs Rangers à la cause wock and woll. Tous sont venus, et certains pour la première fois ! venus faire la connaissance de celui en comparaison duquel le grand John Lydon en personne n'était qu'un petit bourgeois situationniste. On distingue aussi des punks à crête dans l'assistance.

En voilà un qui est revenu de tout : du lâche abandon ("Let's Lynch the Landlord") de ses anciens "frères d'armes", son premier et historique groupe, qui dixit l'intéressé, lui a fait subir un traitement en comparaison duquel celui réservé à Brian Wilson par Mike Love ne fut qu'aimable galéjade.

De la véritable chasse aux sorcières initiée par les conservateurs sénateurs sous Reagan, dont on ne dira jamais assez que l'administration fut l'une des plus réactionnaires et liberticides de l'ère moderne à qui l'on doit ces verrues que sont les stickers "Parental Advisory Explicit Lyrics" apposées sur les pochettes de disques infamantes - et plus tard carrément imprimées sur icelles.

Enfin, de coups de pied dans la tronche lors d'un guet-apens au cours d'un concert punk de la part d'activistes épais dont le chef de file s'appelait Cretin (!) et l'accusait de s'être vendu au système. C'est tout cela et même plus encore, la performance attendue d'un homme ayant vécu plusieurs vies qui justifiait notre présence au Palama ce vendredi soir.

Flanqué du  même quatuor depuis déjà une paire d'albums, c'est un Jello bedonnant, légèrement dégarni mais bondissant qui tel un Monsieur Loyal hardcore fait son apparition avec haut-de-forme, chemise ample un peu dégueulasse et baderne. Expressionniste, l'écolo anarcho révolutionnaire le plus notoire de la punk academy US, nous fait un grand numéro grimacier, de mimes limite Commedia dell Arte pour illustrer durant une bonne heure et demie tel appât du gain, telle strangulation, tel bouchage de nez, tel poignardage dans le dos ou ailleurs, bref ses chansons qui toutes sans exception offrent la cohérence d'un slogan anti-capitaliste jusqu'au-boutiste..

Devant un backing band que l'on trouvera de prime abord fruste avant que d'être séduit par la dévotion affichée envers leur leader et surtout ses longs mais passionnants interludes durant lesquels est expliquée la teneur de la chanson à venir, Biafra intenable, vitupère contre le véritable terrorisme qui le clame-t-il ne se situe plus chez Al Queida ou Justin Bieber (!) mais bien à la Bourse de New York ("Werevolves of Wall Street"), pourfend les partis extrèmes et notamment l'imbitable Tea Party yankee, la génétique et les lobbies pharmaceutiques ("The Cells that Will Not Die"), rend hommage au célèbre outlaw dépouilleur de banque ("John Dillinger"), aux mouvements des indignés ("Shock-U-Py"), et en écolo actif (il se présenta à la mairie de San Franciso sous cette bannière il y a plus de 35 ans) n'en finit pas de fustiger le fracking, nous exhortant nous autres français à nous révolter contre la fracturation des sols, car "la partie n'est pas encore perdue" ; il échangera à ce titre ravi son tee-shirt trempé de sueur contre celui d'un spectateur, floqué anti-gaz de schiste.

Biafra est en forme(s), et entre deux "Fuck the austerity" "Fuck the National Front", rejoue encore et toujours la carte du prédicateur survolté mais à la sincérité désarmante, toujours friand des calembours vengeurs qui ont inondé son oeuvre ("The Stars and Stripes of Corruption", "Uncle Scam", "Shock-U-Py") avec pour toile de fond son dernier méfait avec le GSOM (White People and the Damage Done, présent au merchandising très dense), mais aussi les classiques des Dead Kennedys ('"California Über Alles", "Nazi Punks Fuck Off", "Chemical Warfare" et "Holidays in Cambodia", l'un des plus imparables singles de tous les temps) ; et réussit à faire passer un frisson, une adrénaline à un public pour le coup réuni sous une internationale libertaire, faite de riffs imparables et dévastateurs.

Malin, le Jello se met au goût du jour et se paye Arnold Schwarzenegger en lieu et place du célèbre Jerry Brown, gouverneur véreux californien qui lui inspira l'un de ses plus grands classiques.

Imputrescible, indémodable, incorruptible, insoumis..... incomparable, tels sont les termes qui les premiers nous viennent en tête en clôture de ce sauvage et on the edge set, il est vrai beaucoup plus dangereux pour le système, subversif et intelligent que.... au hasard les préchi-précha altermondialistes pue-des-pieds d'une Zaz !

"The Cells that Will not Die" + "Holidays in Cambodia" dans un hilarant footage (de gueule) :



"The Brown Lipstick Parade" extrait du dernier-né White People and the Damage Done

 

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