31 octobre 2014

Sébastien Tellier - Paloma (Nîmes) - 30/10/14

(remerciements à Jipé et Raffi)

Retour au Paloma avec cette fois Dimoné ouvrant pour notre excentrique et membre historique de l'ancienne scène French Touch. Dimoné est un auteur-compositeur qui est une sorte de croisement physique entre Louis Chedid et Stephan Eicher. Activiste solo ou en groupe depuis une vingtaine d'années, le montpelliérain est accompagné d'un unique comparse aux séquences, synthés,  clavier-basse et percus - non, il ne s'agit pas de Rémy Bricka -  et l'on ne peut s'empêcher de penser à la logique économique qui fait se généraliser ce format lors même qu'il ne s'impose ni visuellement ni musicalement à la musique pratiquée.

 
Ici une manière de chanson réaliste avec cette tendance déclamatoire à la Ferré ou Bashung (cette propension à un "tu" imprécateur). On salue la démarche - car il est toujours plus risqué d'assumer ses textes dans la langue de Molière, qu'il n'est ardu d'afficher un yaourt imbitable en anglais dont tout le monde se fout. Néanmoins et sans être désagréable, ce style de chanson française, aux accents inénarrables à la Dick Rivers (ce qui est un compliment, s'entend !) ne convainc pas vraiment.
Place à présent au système pileux le plus désordonné et la barbe la plus en brousa(il)le de nos contrées depuis feu le génial Moustaki. D'abord note-t-on la présence d'un vrai groupe, avec armada de synthés, un kit percus des plus réjouissants, et la section rythmique de rigueur.
Arborant une chasuble léopard, une autre chemise ample, un foulard et une abominable casquette que Mike Love lui-même mettrait sans doute au rebut, Sèbe revisite l'ensemble de son vaste répertoire, ignorant soigneusement et c'est dommage Confection et son mini-hit "L'Amour Naissant" qui n'eût pas déparé  enchaîné à "La Ritournelle'.
Ambiance bon enfant, mais parfois nimbée d'une vibe de basse-cour -on battra ce soir le record de cris de loup-garou pré-pubère, et du désormais tristement galvaudé "Alleeeeeeeeez!"- Tellier (on a le public qu'on mérite ?) n'est pas en reste.
Où l'on en apprend de belles sur les mœurs du microcosme show-biz parisien, au sein duquel l'acte sodomite n'est jamais loin. Ainsi, entre un "Cochon(qui s'en dédie)ville", et un "L'amour et la Violence" acoustique, a-t-on droit entre force volutes de cigarillos et déglutissements de Heinecken, à de splendides anecdotes narrant tantôt Patrick Bruel ou Muriel Robin.
La musique dans tout ça ? Bien qu'il s'en défende en surjouant son personnage sous substance, elle est exécutée de très nerveuse manière par un combo soudé et parfaitement en place, guettant d'un geste de la main ou d'un hochement de la tête les orientations du maître.
Grands moments : l'hommage à "...Oursinet", titre fleuve de L'Aventura, la citation des Cités d'Or de "L'Adulte", ainsi qu'une série improbable d'impros notables et dédiées à la variété française, toutes plus irrévérencieuses et foirées les unes que les autres. Et d'où surnagent immanquablement les hommages à Dalida ("Il Venait D'Avoir 18 Ans") et à Christophe dont l'ex-gourou bleu reprend avec beaucoup de déférence "La Dolce Vita".
Un set faisant office de best-of de son œuvre, et qui a le bon goût de citer L'Incroyable Vérité, son premier acte fondateur - ce dont Nickx Junior sait gré -  et au delà des titres déjà cités, d'emprunter largement à Politics et autre Sexuality les hymnes qui ont fait sa gloire "Divine", "Roche", j'en passe et des hits délivrés au "Kilometer", jusqu'au coup de boutoir final qu'est "Sexual Sportswear" (son "Spacer" à lui), -pourquoi pas d'hommage à Sheila d'ailleurs ?
C'est sur l'un des temps forts des concerts du Gourou, où notre homme mi-créature Star Wars, mi- pénitent improbable, revient coiffé d'une cape-capuche dorée, que s'achève cette nouvelle soirée chez nos amis du Paloma, toujours sûrs en matière de programmation et d'organisation.
Notre ami David Sarandon ne s'y trompe pas, qui fera don d'un tee-shirt customisé au barbu via l'aimable concours d'un road  local.

                                                           (copyright David Sarandon)

2 Comments:

M.Ceccaldi said...

je suis tombé sur une video de l'amour naissant version live, un truc chiantissime, avec un batteur qui tient son pattern groovy à l'identique pendant trois heures, et un tellier qui a à peu près mon niveau en piano... ça donne vraiment pas envie
je crois qu'on l'oubliera assez vite celui là

Nickx said...

Ton commentaire sans concession et lapidaire remet en question la place de Tellier à la postérité !

Hélas, je crains bien que pour l'essentiel....tu aies raison !

D'autant que les comms réitérés sur la taille de sa bite ou bien ses frasques sexuelles ou autres blagounettes ont de plus en plus tendance à éclipser le musicien et le performer sur scène...