25 mars 2011

Of Montreal - The Controller Sphere (2011)

Les Of Montreal font partie de ces groupes – bien trop rares – qui vous transportent dans un univers qui pourrait se situer pile sur la frontière illusoire entre monde réel et magie. Réels ils le sont bien, mais à l’écoute de leur musique c’est un monde imaginaire qui se décline où l’on part cueillir des framboises à dos de licorne avec Kevin Barnes, le chanteur du groupe. Cette magie réside également dans la multiplicité des idées déclinées à travers leurs chansons : un même sujet tel que l’amour est vécu de façons différentes d’un titre à l’autre. Ainsi, l’on prête oreille à l’amour possessif ("Gallery Piece" sur Skeletal Lamping) ou à l’amour charnel, que l’on devine libertin, ("Plastis Wafers" sur le même album). C’est comme si le choix n’existait pas et que toutes les formes d’amour et de vie pouvaient se décliner dans une seule et même existence.

Mais le choix est bien présent dans la vie des Of Montreal comme dans la nôtre, et l’Ep The Controller Sphere semble en être le symbole. En effet, trois de ces titres auraient dû figurer sur le précédent album False Priest mais on été retirés à la dernière minute. Mais il faut ici considérer le choix avec relativisme, puisque tous les titres nous sont finalement offerts et ce que Kevin Barnes considère comme une trilogie (Skeletal Lamping, False Priest et cet Ep) achevée en trois petites années.


Placé en tête de ce nouvel album, on trouve le tout à fait surprenant et très apocalyptique "Black Lion Massacre", cinq minutes de bidouillages rythmiques à la modernité presque trop poussée et un chant de robot à l'exact opposé de la voix habituellement pop de Kevin Barnes. Ce morceau intrigue, dérange et ne plaît pas vraiment à l'oreille mais on sait les Of Montreal capables d'aller d'un extrême à l'autre en passant par d'innombrables variations sur un même Ep ou album, alors on poursuit l'écoute.

Et l'on a bien raison puisque après cette entrée en matière difficile, nos oreilles s'épanouissent au son de deux compositions dignes de False Priest ("Flunkt Sass vs The Root Plume" et "Holiday Call") mais peut-être plus poussées dans ce que l'on pourrait appeler une métaphore sonore du n'importe quoi. Car, oui, la cohérence est parfois difficile à trouver dans la musique des Of Montreal mais on ne lui accorde que peu d'importance, écrasée qu'elle est par le flot d'émotions que suscitent de tels arrangements. "Holiday Call" nous entraîne dans le calme voluptueux que l'on avait tant apprécié sur False Priest et ce pendant huit minutes où l'on s'approche au plus près du plaisir que la musique nous offre bien rarement.

Et puis arrive le titre phare de cet Ep : "L'Âge d'or" dont le titre français évoque la mythologie et donc ce printemps éternel qu'était le premier âge de la création. On a là l'impression d'écouter une transposition moderne de cette période : bonheur simple jamais entaché et accentué par les déclamations sexuelles de Kevin Barnes. Libidineux sans être vulgaires, les Of Montreal réussissent encore une fois le pari de nous rendre l'amour charnel dénué d'obscénité, beau dans sa simplicité.

"Slave Translator" s'inscrit dans cette même lignée pour clore un Ep comme une promesse du talent éternel des Of Montreal.

En bref : on pourrait croire à une suite logique de False Priest et Skeletal Lamping mais cette trilogie trouve son apothéose, entre évolution et simple beauté, où le sublime dépasse la simple cohérence des instruments.





Le Myspace et le Site Officiel

A noter que L'Ep sortira le 26 Avril et sera accompagné du livre d'art What's Weird regroupant des illustrations de David Barnes, le frère du chanteur et créateur des pochettes du groupe.

"The Holiday Call" :


2 Comments:

Ju said...

Kevin Barnes dénué d'obscénité ? C'est nouveau alors, parce qu'on l'a plus souvent connu à montrer sa b*** sur scène qu'autre chose..

Soshell said...

Marrant je les ai vu deux fois, et je ne l'ai jamais vu.
On verra lors de la troisième fois, car il en aura une !