16 septembre 2010

Weezer - Hurley (2010)

Qui attend encore quelque chose de Weezer ? Qui ose encore même se pencher sur leur cas lorsque le médecin légiste du rock indé les a déclarés morts depuis Make Believe il y a cinq ans déjà ? Il y a tant et tant de nouveautés passionnantes qui sortent chaque jour que perdre son temps sur un fossile égaré relève du suicide éditorial. Avec trois albums en trois ans - Red Album (2008), Ratitude (2009) - Weezer ne cesse de travailler et donc de prendre des risques. Et à chaque fois c’est la même, les grands chroniqueurs attendent la "résurrection" ou le "retour" d’un super groupe US qui avec deux disques unanimement salués - Blue Album (1994), Pinkerton (1996) - avaient fait de fausses promesses, bien mal leur en a pris. Ma théorie est qu’il s’agit là d’un énorme malentendu, Weezer n’a jamais voulu être un groupe de rock à prendre au sérieux, mais au contraire un groupe potache et marrant mené par un leader tout de même capable d’écrire de belles mélodies par moment.

Il n’y à qu’à voir la pochette. Tous les téléphages auront reconnu Jorge Garcia de Lost donc, sur une photo dégueulasse à peine recadrée sur Paint. Et pourtant Ratitude avec son chien jeté en l’air faisait déjà très fort dans le n’importe-quoi. Et puis quitte à pousser Mamie dans les orties, autant la bousculer carrément et appeler son album Hurley aussi. Même sur son nouveau label indépendant Epitaph Rivers Cuomo fait ce qu’il veut. Un peu comme notre trublion à nous Philippe Katerine sur son dernier album. La question se pose : escroquerie médiocre ou autodérision poussée à son maximum ? Personnellement je choisis la deuxième option parce que c’est celle qui me fait me marrer et prendre du plaisir à l’écoute de morceaux dits "funs" auxquels nous a habitué Weezer. Parce que ce n’est pas nouveau non plus. A l’époque on pouvait déjà écouter des titres comme "Hash pipe", "Keep fishin’" ou "We are all on drugs". Et si Rivers Cuomo avait simplement de l’humour ?


Alors pour ceux qui recherchent encore et encore le Weezer qui n’existe pas, celui qui livrerait de la power pop bien écrite et efficace, sur ce Hurley ils pourront se rassasier avec "Memories" et "Rulling me" qui se rapprochent d’assez près du Blue Album. Pour ceux qui apprécient les "ballades" FM esprit campus il y a "Unspoken" ou "Run away" (qui commence d’ailleurs comme du Pavement). Après humour ou pas humour il y a quand même des morceaux pas très passionnants. "Hang on", "Smart girls" ou "Time flies" (étonnamment lo-fi) en font partie. Jusque-là on peut se dire que ce nouvel album n’apporte donc pas grand-chose à l’édifice, mais deux petits sommets de n’importe-quoi vont montrer le bout de leur nez, sur de magnifiques structures à tiroir à la manière de "The greatest man that ever lived" issu du rouge.

Le meilleur : "Where’s my sex ?". Jouant habilement (sic) sur la ressemblance entre "sex" et "socks", Weezer déroule un morceau caricatural totalement pliant. "Where’s my sex? / I thought it was here / I’ve got no idea where it disappeared to / I can’t go out without my sex". C’est complètement débile, comme chez Katerine ou chez Ween, mais si on se laisse aller c’est assez jouissif. Dans le même genre il y a "Brave new world" qui commence plutôt classiquement mais qui à 2’17" part sur d’improbables ponts mélodiques et chœurs vaillants. C’est le Weezer que j’aime, sans limites et qui s’en branle, aussi bien capable de nous donner du miel que du vinaigre. A chacun de prendre ce qu’il veut, ou de passer son chemin.

Pour info : l’édition deluxe comporte quatre titres supplémentaires pas franchement indispensables : un court morceau au piano, une reprise de "Viva la vida", une déclaration de foi de Rivers Cuomo ("I want to be something before I die") et un immonde morceau de stade, hymne officiel de l’équipe de foot US pendant la dernière coupe du monde.

En bref : Weezer dévoile enfin sa grande supercherie. Il ne faut plus attendre d’eux du rock indé de qualité mais d’hilarantes boutades musicales à base de grosses guitares, de ponts mélodiques et de chœurs enflammés. Au moins comme ça, ça a le mérite d’être clair.





Le site officiel et le Myspace

A lire aussi : Weezer - 8 bits album (2009)

"Where’s my sex ?" et "Brave new world" :




7 Comments:

Nickx said...

Pochette bien pourrie, et groupe mineur ; mais ça, on le savait, capable de fulgurances !

Les deux titres proposés sont pas mal !

Malgré ce, il semble que les véritables innovations chez Weezer, ce sont Cuomo qui s'est rasé la moustache présente depuis le "red", ainsi que le look du batteur, qui pour une fois risque de perdre son statut de sosie inamovible de Michel Leeb !

M.Ceccaldi said...

Pochette de l'année! :-)
La déconne, c'est plutôt une évolution du groupe, non ? ils étaient pas comme ça au début?

julien said...

De la musique qui ne fait pas babylon dans les oreilles en somme... un son rock sauce américaine genre blink... du gros bof bof... bref j'aime pas et je partage t'a critique.

Studio 7145 said...

M'est avis qu'il aurait dû économiser les piles de son Walkman plus longtemps... Déçu...

Nickx said...

Ca n'avait pas été remarqué, alors je me permets quelques mois après : la pochette est à Hurley !

Anonyme said...

Absolument pas d'accord!!! Enfin un groupe qui met des choeurs (et du coeur) dans ces chansons. On ne s'ennuie jamais à la différence d'autres mélodistes plus bobo toujours dans les mêmes accords pseudo harmonieux en mineur septième. Bref votre analyse est teintée d'une grande méconnaissance musicale, donc inutile de palabrer plus longtemps.

Ju said...

( :