24 juin 2009

Jazz Liberatorz - Fruit Of The Past (2009)

Plusieurs années avaient été nécessaires aux Jazz Liberatorz pour sortir leur premier opus, Clin d’Oeil, qui fut l’un des meilleurs albums de 2008 pour Dodb. Et c’est seulement un an après que paraît son successeur, dont le seul titre, Fruit Of The Past, indique que Dusty, Madhi et DJ Damage maintiennent leur cap, pour mon plus grand bonheur. Nous voilà donc repartis pour une heure de hip-hop à l’ancienne, de claviers soyeux et de beats boom bap bien fumants, sur lesquels viennent se poser des invités de grande classe, de Fat Lip des Pharcyde à Mos Def, de T. Love à Declaime AKA Dudley Perkins. L’espace réduit entre la sortie des deux disques s’explique par le fait que ce second opus contient pour l’essentiel des titres déjà sortis en 45 tours ou sur des compilations.

Loin de n’être qu’une copie-carbone de Clin d’Oeil, Fruit of the Past réserve une place beaucoup plus importante aux plages instrumentales, avec de nombreux interludes où les samples vocaux disputent la vedette aux cuivres, au vibraphone et aux scratches. Les deux parties de “Music In My Mind” rendent directement hommage aux légendes du hip-hop jazzy en reprenant des boucles de certains des meilleurs morceaux des Pharcyde, De La Soul ou Pete Rock & CL Smooth, tandis que des titres comme “Dark Keys” (avec Olivier M’Selem au Fender Rhodes) ou “Breathing Pleasure” (avec le flûtiste Eric “Rico” Gautier) se placent dans la continuité de la jam-session "Qidar", qui clôturait le premier album.

Les rappeurs invités ont droit à des instrus plus musclées, très connotées East-Coast. On retiendra notamment l’excellent “Back Packers” (featuring Fat Lip) ou le très funky “After Party (Jazz Lib Remix)” avec Wildchild, membre du collectif Lootpack avec Madlib et DJ Romes. Lorgnant davantage vers le R&B, “What’s Real” est certainement le morceau le plus accrocheur et le plus léger, grâce au flow précis d’Aloe Blacc et à un refrain qui rappelle les grandes heures d’Arrested Development. La divine T. Love, collaboratrice régulière du crew, livre quant à elle un superbe “Force Be With You”, où elle mêle comme à son habitude chant soul et scansion rap. Etrangement, le track le moins intéressant vient de l’invité le plus connu, à savoir Mos Def, qui semble ne pas s’être beaucoup foulé pour ce “Mountain Sunlight” bien anodin. Mais peut-être sa présence aidera-t-elle les Jazz Lib’ à se faire remarquer outre-atlantique ?

En bref : Après l’exquis Clin D’Oeil qui nous les avait révélé, les Jazz Lib’ proposent une sorte de rétrospective de leurs sorties vinyles, agrémentée de quelques inédits et remixes. Pas aussi enthousiasmant que leur premier effort, ce fruit du passé reste vivement conseillé aux amateurs de hip-hop jazzy.



Jazz Liberatorz - What’s Real (feat. Aloe Blacc).mp3
Jazz Liberatorz - Back Packers (feat. Fat Lip).mp3
Jazz Liberatorz - Breathing Pleasure (feat. Rico).mp3

Leur Myspace

A lire : Jazz Liberatorz - Clin d'Oeil (2009)

3 Comments:

Molax said...

Très bon opus, je confirme. Mon côté un peu chauvin regrette juste que les Jazz Lib' n'en pofitent pas pour mettre en avant des rappeurs français... En cherchant un peu, il doit bien y en avoir un ou deux, peut-être inconnus du grand public, qui pourraient intervenir sur un tel projet ? A quand un featuring Oxmo-Jazz Lib' ?

Dave said...

Tiens, Molax ! Comment va ?
C'est vrai que les Jazz Lib' auraient pu inviter un ou deux rappeurs français. En même temps les trois bonshommes ont bossé pendant des années avec des groupes français genre La Malédiction du Nord avec le succès que l'on sait (c'est-à-dire quasiment aucun...), et je comprends qu'ils en aient eu assez.
Et puis il y a tout de même des invités français sur l'album : 20syl d'Hocus Pocus et Dela pondent deux remixes, et les types au clavier, à la flûte, etc. sont bien des frenchies.
En tout cas, j'aurai rien contre un Jazz Lib' feat Oxmo !
Bises
Dave

Molax said...

Ca n'est pas sans me rappeler un fameux débat sur la french touch, à la cafette du Monde il y a maintenant un bail, avec un certain Criticus... En effet, il y a des frenchies dans cet album, mais ça ne s'entend pas. Enfin je dis ça, mais je ne boude pas mon plaisir en l'écoutant...

A part ça, je suis chaud pour fêter l'arrivée du soleil à Paris autour d'une bière en terrasse.