19 mars 2013

Songs: Ohia - Lioness (2000)

Jason Molina (1973-2013)

Quand la nouvelle est tombée hier après-midi je n’y ai pas cru. Jason Molina n’est plus. J’ai ressenti la même sensation qu’avec Vic Chesnutt ou Sparklehorse il y a peu. Ces "meilleurs" qui partent les premiers et qui nous laissent en héritage des disques à se repasser en boucle pour ne pas oublier. Là encore on pouvait s’y attendre. En 2011 sortait ce communiqué : sujet à l’alcoolisme, Jason Molina devait suivre un traitement médical que son absence d’assurance maladie (USA ce doux pays) lui empêchait de suivre. Son label de toujours, Secretly Canadian, et quelques fans ont mis la main à la poche. Ca n’a pas suffit et retiré dans une ferme en Virginie Occidentale, Molina s’est éteint sans atteindre la barre des 40 ans.

Durant sa carrière le natif de l’Ohio n’a pas chômé. 10 albums sous le nom de Songs: Ohia, 5 sous Magnolia Electric Co, 3 sous son vrai nom. De quoi se rattraper pour qui ne connaitrait pas l’homme et voudrait le découvrir. Si personnellement Magnolia Electric Co (l’album à la chouette) est celui que j’ai le plus écouté, mon deuxième choix se porte définitivement sur ce Lioness de l’année 2000. Epuré au possible, intense et mélancolique, ce disque est la représentation musicale de la tristesse. A la limite du voyeurisme, Jason Molina réduit l’instrumentation à son minimum vital et chante de sa voix si lasse des textes qui arrachent le cœur.

C’est un disque court (39 minutes, 39 ans, coïncidence ? Je ne crois pas) composé de 9 chansons. Enregistré en Ecosse, il voit la participation de membres d’Arab Strap et Appendix Out. Ce sont principalement des ballades folk à la guitare acoustique. La rythmique est squelettique, un mellotron bienvenue s’incruste parfois à la fête. "Less is more" pour ainsi dire. Le chef d’œuvre du disque : "Lioness". Qui ne ressent rien pendant ce morceau n’a pas de cœur. Le son est clair, chaud et ne peut que prendre aux tripes. Et puis il y a "Tigress", "Being in love", "Just a spark" et les autres. Autant de compagnons sur la route du désespoir.

En bref : une descente aux enfers en neuf mouvements par l’un des plus grands artistes folk de ces dix dernières années. La tristesse et la beauté à l’état pur. A écouter pour vérifier si l’on est encore humain.




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The Road Becomes What You Leave, un documentaire de Todd Chandler sur une tournée canadienne de Magnolia Electric Co. tour of Canada :


The Road Becomes What You Leave from Todd Chandler on Vimeo.

1 Comment:

Francky 01 said...

"...J’ai ressenti la même sensation qu’avec Vic Chesnutt ou Sparklehorse il y a peu..." J'ai ressenti exactement la même chose que toi mais ce sentiment tragique m'a aussi envahit pour un autre artiste, peut être même plus : l'immense ALAIN BASHUNG !!!

De Song: Ohia, mon préféré reste "Ghost Tropic" (2000) avec pour point culminant, véritable Annapurna musicale, le titre épique "Not Just A Ghost's Heart" !!!

Bel article et à +