16 mai 2011

Connan Mockasin - Forever Dolphin Love (2011)

Avec le temps qu’il m’a fallu pour accoucher de cette chronique, le jeune Connan Mockasin n’est plus un inconnu. Il est même sur toutes les lèvres. Et pour cause, force est de constater qu’on lui doit déjà l’un des disques les plus personnels et passionnants de l’année. Il s’agit en fait d’un remaniement d’un album de l’année dernière (Please turn me into the snat), allongé de morceaux live, et cette fois chez Phantasy Sound, le label d’Erol Alkan. Le moins que l’on puisse dire est que ce dernier a eu bon nez, tant un minimum d’écoutes de ce disque indescriptible l’imposent comme essentiel.

A 28 ans, le néo-zélandais Hegon Hosford de son vrai nom a déjà sorti quelques morceaux sous le nom de Connan & The Mockasins. Et presque sans réflexion, en voulant composer un disque pour sa maman, il s’isole dans le tipi familial du jardin et écrit en même temps qu’il enregistre. Le résultat est bluffant d’onirisme, sorte de pop lo-fi illuminée et bancale comme l’a si bien fait Syd Barrett le temps de deux albums. Aquatique comme un Panda Bear, Forever Dolphin Love est gorgé de réverb et de guitares maigrelettes qui résonnent longtemps.

Connan Mockasin évolue dans un univers parallèle, fait d’interludes et de chansons pour moins de 36 minutes. C’est souvent psyché et intelligemment jazzy, voir bossa nova parfois ("Quadropus island"). Et puis il y a sa voix. Androgyne et enfantine, sous hélium, aigre et touchante à la fois. Quant aux morceaux c’est pléthore. Du free jazz sous acide façon Melodie Nelson de "Forever Dolphin Love", au tropical et cotonneux "Megumi the milky way" évoquant les Flaming Lips, en passant par le désormais presque tube "It’s choade my dear", il y a de quoi revenir.


Et il y a ce "Faking jazz together" aux allures de chef d’œuvre. Fait de couches de percussions et recouvert d’une attitude so soulfoul, c’est le morceau idéal pour quitter cette terre. Derrière il y a les chœurs dilatés des Beatles sur un "Unicorn in uniform" d’anthologie. Enfin, "Please turn me into the snat" conclue cet album avec une batterie martiale et une attaque MGMT façon Congratulations sans le sous. Cette version-ci comporte donc un live, encore plus humain et imprévu que le premier, mais tout aussi intéressant. A noter aussi un artwork fait de ses mains, où l’on peut s’aventurer très loin dans le livret. Un disque complet en somme.

En bref : un premier OVNI pop de 36 minutes à mettre au profit du jeune Connan. Il y voyage dans son subconscient et dépeint un univers musical poétique et surréaliste, touchant et difforme. Juste ce qu’il nous fallait.




Le Myspace

"Faking jazz together" et "It's choade my dear" :



6 Comments:

Benoit said...

au premier abord, c'est un disque vraiment déconcertant, limite déprimant, mais une fois apprivoisé c'est un vrai bonheur. L'avantage des titres live c'est qu'ils donnent une autre version du style du garçon ; plus naturelle... même si les deux restent intéressantes je trouve.

mehsar said...

Un album qui mérite toute l'attention qu'on lui porte !!!

Nickx said...

Une des découvertes de l'année pour l'instant. J'ai juste un problème : je trouve que l'album pourtant court, manque de consistance de bout en bout !

Mais bravo pour cette chronique Ju, il fallait de toute façon parler de cet oiseau !

Dave said...

J'ai mis un peu de temps à me décider à écouter ce disque, mais maintenant je suis ultra-fan. J'adore l'ambiance, les guitares flottantes, la voix d'extra-terrestre... Et les versions live sont fabuleuses !
Certains morceaux m'ont remis en tête un titre de Max & Harvey que j'écoutais beaucoup à une époque, tiré d'une vieille compile de Ninja Tunes (Xen Cuts): http://maxandharvey-music-emporium.co.uk/track/big-amoeba-sound

Ju said...

Ah cool ça Dave. Mais bon je me doutais que ça pourrait te plaire aussi.
Faut que j'écoute ton truc alors.

PaMa said...

Très bon album et critique intéressante!