22 décembre 2009

Karlex - With All Due Respect (2009)

Do you know Karlex ? Pour ceux qui seraient passés à côté, malgré la très bonne critique de son deuxième album sorti cette année, Dodb opte pour une piqûre de rappel. Comme son auteur, With All Due Respect (signé sous son propre label Lil' People records) est un mélange aux mille saveurs. Le genre qu’on n’enferme pas dans une case. D'origine haïtienne, Karlex a vécu à New York avant de s'installer il y a six ans sur le littoral du sud de la France, près de Montpellier. C’est là, face à la mer Méditerranée, qu’il a composé ses onze titres (douze avec le bonus), inspirés par tous ces lieux puisqu'il chante en trois langues : anglais, créole et français. Sur les pas de ses oncles et frères, il s’est mis à la guitare vers l’âge de onze ans. Mais c’est dans la composition et l’écriture de chansons qu’il trouve son élément. Ses influences : Les Stones, The Doors, Mickael Jackson, Bob Marley ou encore Fela Kuti.

Tiraillé entre la culpabilité de vivre pleinement dans cette société de consommation occidentale et la pauvreté qui ronge son Haïti natale, Karlex jongle et parle de cette dualité des cultures qui l’anime et qu’il a aussi du mal à assumer. Son combat intérieur pour trouver un équilibre donne un melting pot riche de couleurs afrobeat, électro-dub, funk, soul ou encore folk et jazzy.

Il ouvre en anglais par "Liberated" (Tomorrow can wait). Il raconte : "Je parle de cette société de consommation, de cette prison. C’est une folie dans laquelle je suis moi aussi un consommateur." Ses harmoniques à la guitare, le synthé et les rythmes de la batterie s’emballent et virent vers un son électro et très dub. La voix apporte une douce mélodie avant de s’enflammer dans un slam ou un rap final, qu'un duo souffle/basse clôture.

Dès les premières notes de piano, le second morceau "Do you know my name" affirme clairement sa touche jazzy. Des voix lointaines laissent place au chant de Karlex, qui en écho, semble lancer un appel, ou plutôt une prière, réveillée par des apparitions de flûte traversière. Ni prosélyte, ni moralisateur, il explique pourquoi il s’adresse à Dieu : "Cette chanson parle de la souffrance du peuple haïtien, de celle d’autres peuples. Je suis un croyant dans le questionnement." Dans une autre version (bonus) plus rapide comme lors de ses concerts (il était de passage à Montpellier en décembre) l’entrée électro avec la réverbe de la batterie ravivent le morceau.

"Onè respè" mêle le créole et le français. En Haïti une expression veut qu’au lieu de frapper à la porte de chez quelqu’un on dise "Honneur" (Onè) et les gens répondent "Respect" (respè). Sa voix chaude et son parlé incarnent l’Homme africain. "Courir pour être libre, courir pour ne pas mourir." Inspiré par ses ancêtres esclaves qui ont couru pour la liberté, il pointe les différences nord/sud. La place donnée à la guitare électrique, la mélodie enjouée, le synthé et une enveloppe sonore électro rafraîchissent le côté traditionnel.

Karlex poursuit son retour aux racines avec l’afrobeat de "I-nèg'marron". "On est tous des Neg marrons. Des Neg marrons qui se battent pour la dignité", crie-t-il en concert. "Mes ancêtres étaient des esclaves alors je dois en être un aussi.".

Après "Dear Mama", place au jazz groovy de "Choukoune". Dans ce dialogue entre le piano, la batterie et sa voix sensuelle, Karlex slame en créole un poème du 19e siècle, l’histoire d’un homme enchaîné des deux pieds par une femme !

Folk, avec un début à la guitare seule, "Everyday" laisse enfin place au chant et moins à la voix parlée. Derrière une base de rythmes africains, la voix se balance entre le registre grave et aigu. Tandis que les riffs de guitares électriques s’entremêlent aux sons du synthé.

Dans "It's all in your heart", les rythmes de percus africaines persistent. Mêlés à la guitare, à la répétition d’effets, notamment de la wah-wah, ils rendent l’atmosphère mystique tout comme la voix douce qui envoûte et alterne entre medium et aigu. Les boucles de voix répétées hypnotisent et leurs longueur installent un univers de transe. Avec des percus en constante résonance dans la tête.

Après la guitare plus rock de "So much in a man's mind" et les bases electro-pop avec des voix sur la fin de "Making it right", Karlex rend hommage à David Bowie. "This not America" est sa première reprise. Très lente, il pose les paroles comme un slam sur le synthé, instrument solo du morceau. Au bout de plus de deux minutes d’introduction, il chante le refrain. Apaisé, on se laisse guider et on prend le temps d'écouter. Il finit par de longues nappes enveloppantes. Une version très épurée, et très pure. Comme son interprète.

En bref : un artiste éclectique et inclassable qui puise sa musique et son verbe autant de son Haïti natale que de New-York, où il a fait ses classes. Un répertoire envoûtant à découvrir aussi en live pour une version plus chaloupée.




Le Myspace et le site officiel

Le clip de "Liberated" :


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