11 décembre 2018

Farai - Rebirth (2018)

Sous une pochette graphée d'inspirationn Basquiat mais qui émane de Haribo Cosmo Jones, voici la première oeuvre long format d'une artiste zimbabwéenne devenue londonienne dans sa prime jeunesse. Acoquinée avec le producteur Tone ayant comme elle une ascendance africaine, la jeune et révoltée Farai concocte son premier long format après un premier Ep en 2017.

Associant leur militantisme panafricain, les deux compères livrent une épure d'album faits de slogans et d'electro punk décharnée. C'est le moins que l'on puisse dire sur ce premier single assez gonflé, le bien nommé "This is England". Gonflé en ce que réduit à sa plus simple expression - ici et là de sinistres lignes de claviers, du name-dropping et rien d'autre - il renvoie en comparaison le "The flowers of romance" de PIL à du Emerson Lake and Palmer.

Où l'on comprend qu'après ses opposants de la Chambre des Communes bousculant son piédestal sur l'affaire des conditions économiques de sa sortie européenne, le plus grand adversaire politique de la Première Ministre Theresa May en cette fin d'année 2018 se nomme sans doute Farai.

Sorte de pendant de Sleaford Mods des couches pauvres de l'east-end londonien, Farai pointe les problèmes d'habitat, de conditions de vie décentes. Les hymnes s'égrènent tous plus dépouillés les uns que les autres ("Punk champagne", "This is england", "National gangsters") dans un exercice qui relève parfois du rap politisé à la Dälek.

Seuls quelques titres échappent à la scansion ambiante, "Talula" fragile ballade, "Space is a place", sans doute la plus élaborée du lot tout au moins dans son final et cet étrange "Radiant child" qui clôt le disque de curieuse façon sous forme de mélopée. Pas franchement appropriée pour flatter l'oreille - l'autotune, ce fléau ! - la chanson s'insinue et fournit in fine son petit effet.

L'on ne saurait terminer l'étude de ce premier jet (à prendre dans son sens propre) sans mentionner l'inénarrable "Lizzy", ode d'amour-haine à la reine Elizabeth, qui offre enfin un concurrent crédible au doo-wop crétin écrit par l'hexagonal Philippe Katerine au début des années 2000.

Par certains aspects, le social, la virulence, l'hommage aux figures noires, Farai serait une sorte de petite soeur contestataire britannique de la grande Meshell Ndegeocello qu'elle a sans doute écoutée. Obtiendra-t-elle la même destinée que son illustre devancière ? C'est vraiment tout le mal qu'on lui souhaite.

En bref : le debut de la nouvelle voix révoltée britannique, sous habillage post-punk hip-hop décharné urbain. Un talent qui n'a sans doute pas fini de nous interpeller.




Le lien vers le label Big Dada qui propose l'écoute de Rebirth

1 Comment:

M.Ceccaldi said...

trés chouette la fille ! je me demande ce que ça donnerait avec une zique un peu moins minimaliste.
tout arrive en ce bas monde, et il m'arrive d'écouter du hiphop (un comble pour un fan de hachipé hachopé) ; tu parles de Dalek, j'aime bien ce gars ; et j'ai adoré le nouveau cypress hill, et son délire orientaliste ; je vais même le mettre dans mon top 2018.