07 novembre 2018

Quiet Dan - When The Earth Was Flat (2018)

On n'insistera jamais assez sur l'importance d'une bonne pochette - ici un remarquable trifold animalier et mat - qui permet quelquefois de sortir du lot.
Daniel Mizrahi, parisien retranché en Picardie et distribué par un label du Massif Central (Inouïe Distribution), connaît son bréviaire folk-blues sur le bout des doigts. De Dylan à Nick Drake pour ne citer que les influences les plus écrasantes mais néanmoins incontournables.



L'homme est un itinérant, ouvert aux cultures cinématographiques et au jazz qu'il étudie. Belle preuve d'éclectisme.
Après avoir bourlingué en Amérique, il finira par réunir quelques acolytes et par fourbir un premier effort habité, d'une cohésion remarquable. La souplesse des arrangements, leur sobriété, leur justesse, (ah ce violoncelle caressant sur "When the wolves came in" !) ainsi que le mood initiatique et outlaw de ce When The Earth Was Flat lui conféreraient un statut de road movie
Tout commence par une batterie spasmodique, un sol martelé au piano ; un capo en 3ème position et c'est parti pour le délicieux "Show you what's love". Paré de beaux atours de cordes, le titre ne tarde pas à envoûter. Le blues poisseux mâtiné de country n'est pas en reste sur les fantastiques chevauchées moites que sont "When the wolves came in" et "Used to the dark". Cette dernière arrosée de slide n'aurait pas déparé sur le meilleur Green On Red des 80''s voire aurait constitué un score crédible pour un Peckinpah. 
Si "Crocodiles" ralentit le tempo et se fait plus menaçante, la très enjouée "Ekmore Leonars has left Detroit" renvoie aux ambiances crin-crin et pedal-steel de Flying Burrito Brothers. Tandis que la très pertinente "Quiet children" évoquera les ambiances americana feu de camp de Cracker à ses plus belles heures.
"Hip" s'insinue comme une évidence, un classique  avec son accorte partie de slide. On pense aussi aux ambiances feutrées d'un Eels parfois. Rien qui ne phagocyte l'ensemble toutefois ; le frontman sachant habiter ses belles mélodies avec une belle clarté vocale, une aisance impeccable pour ce qui est de l'interprétation.

Déjà encensé par moult chroniqueurs, on espère que la musique classy et enchanteresse du trio ne sera pas l'un des nouveaux secrets les mieux gardés de notre territoire. Qu'on ne tient pas là et dans un registre radicalement différent les nouveaux Calc, Scenario Rock ou Film Noir des années 00 (les exemples abondent ). Fort de ce constat, l'amateur et consommateur de musique nouvelle saura ce qu'il lui reste à faire.

En bref : la trouvaille folk de l'année. Et elle émane d'un français. Dont il ne reste plus qu'à propager la bonne parole désormais. Superbe.





le Bandcamp du groupe

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2 Comments:

Ju said...

Où as-tu connu cet artiste et ce label ? Jamais entendu parler en effet.
Ecouté une première fois d'une oreille distraite je l'avoue, mais ça m'a paru un tantinet gentillet... Mais vu ton enthousiasme je compte bien y retourner !

Nickx said...

En parcourant la presse et le Net ; je me suis fié au descriptif et à la beauté de la pochette.
Comme souvent, je n'ai pas été déçu par ce dernier critère. Et ça a même été au-delà de mes attentes.
Réécoute attentivement cet album Ju.
Allongé sur ton canapé, un verre de vin à la main et voilà.
Daniel Mizrahi, son principal auteur qui nous suit depuis la chronique, est quelqu'un de très sympa et qui gagné à être suivi et défendu.