01 décembre 2011

Floating Points - Shadows EP (2011)

Nous avions découvert ce producteur avec son énorme Vacuum EP, en 2009. Déçus par son premier live parisien quelques mois plus tard, nous avions mis cette piètre performance sur le compte de sa jeunesse. Ceci dit, le potentiel de Sam Shepherd apparaissait déjà avec évidence, ainsi que son ouverture d’esprit et sa vision élégante du groove. Depuis, le Britannique a mûri et lâché quelques beaux 12'', dans des styles très variés, de ses travaux orientés bass music sur Planet Mu ou house sur son propre label Eglo, à ses aventures plus jazzy et instrumentales sur Ninja Tune, dans un style proche du Cinematic Orchestra. Mais il n’avait pas encore sorti le disque qu’on attendait de lui, celui qui accomplirait la synthèse entre toutes ces orientations. Eh bien le voici, ce fameux disque. Shadows est l’œuvre d’un musicien au top de sa forme, sûr de son style. Très long EP qui a tout d’un album (37 minutes pour 5 titres), il confirme Floating Points comme l’un des artistes les plus intéressants à avoir émergé de Londres ces dernières années.


Il n’est finalement que très peu question de house sur cet EP, bien qu’il s’articule autour d’un véritable chef-d’œuvre du genre, "ARP3", sorte de prolongement mélancolique de "Vacuum Boogie". Même lorsqu’un pied house vient délicatement se poser sur le piano de "Realise", c’est pour mieux être perverti, saccadé, et finir plus près de Burial que de Theo Parrish. Les rythmiques garage et 2-step, la basse synthétique et les nappes surpuissantes rappellent que Floating Points fait partie de la même génération que Julio Bashmore ou Joy Orbison. Mais les ressemblances s’arrêtent là, car le son de Floating Points n’est pas aussi exubérant et direct, taillé pour les clubs. Il est au contraire très intériorisé, concentré sur les détails et l’émotion. Autant au niveau de ses motifs mélodiques que de son ambiance et de sa structure, Shadows peut d’ailleurs être considéré comme un disque de jazz.

"Myrtle Avenue" et "Sais" sont clairement influencés par le son de Weather Report, du Miles Davis de Bitches Brew et par le côté organique des pianos électriques de Bob James et Herbie Hancock. La manière qu’a Shepherd d’imbriquer ses morceaux et de tenir une même couleur musicale sur l’ensemble du disque est également très jazzy (ou cinématographique si vous préférez) - c’est flagrant sur le diptyque "Realise" / "Obfuse". Tout n’est ici que délicatesse et sobriété, c’est pourquoi une écoute superficielle de Shadows peut laisser une fausse impression de platitude. Il faut faire l’effort de tendre l’oreille pour en apprécier toutes les subtilités.

En bref : jazzy, subtil, jouant astucieusement avec les codes de la house et de la bass music, Shadows est à ce jour le disque le plus abouti de Floating Points.





Floating Points sur Soundcloud et Twitter
Le site d’Eglo Records

A lire aussi : Floating Points – Vacuum EP (2009)



Floating Points - Sais from Will Hurt on Vimeo.



2 Comments:

Thomas said...

Très bon court format effectivement, plein de subtilités. ARP3 est une tuerie ! J'attends impatiemment la sortie enfin d'un LP.

Anonyme said...

Très bon EP en effet !