27 décembre 2011

Michel Cloup (Duo) - Notre Silence (2011)

Pour la génération avant la mienne, Diablogum reste un groupe mythique au sein du paysage francophone. Honte sur moi, je n’y ai mis les pieds plus que de rigueur. J’avais bien effleuré quelques fois un disque comme #3 mais jusqu’à cette année, jamais je n’étais tombé amoureux de leur univers. C’est aujourd’hui chose faite grâce à ce disque sorti hors circuits, qui doit la seule petite lumière médiatique qu’il a reçu à son patronyme honorifique. Et puisque le retour sur les planches et dans les bacs du plus culte des groupes français se fait attendre, quoi de mieux pour patienter que cet ovni slow-core, produit purement français et pourtant tellement américain.

Comme son nom l’indique, cet album est joué en duo. Guitare/voix/batterie. Michel Cloup (Experience, Binary Audio Misfits) + Patrice Cartier. Pas plus. Ni moins. Un choix pour le moins minimaliste, qui privilégie l’épure aux dépends de la sophistication. Tout comme la pochette noir et blanc aux relents de BYG Actuel. Tout comme le phrasé parlé jamais crié. Et puis il y a ce son grave et chaud de la guitare barytone. Tout contribue à cette lente et courte introspection. Cette mise à nu d’un artiste oublié sur le bord de la route et qui a encore des choses à dire. "Une histoire, mon histoire. Universelle, banale. Mon histoire, notre histoire", tel commence ce disque solennel d’à peine six véritables morceaux.

Michel Cloup y est à vif. Les thèmes sont lourds : l’enfance, le deuil, la dépression, la douleur, la fatalité, le tout avec un regard quadra mélancolique à souhait. Sans jamais verser dans le pathos, avec peu de mots et en imageant comme un poète, Michel Cloup frappe sec et fort sans chichis. "Expliquer l’inexplicable, pour accepter l’inacceptable" lâche-t-il dans "Cette colère", premier coup de force du disque. Un de ces je ne-sais-quoi qui laisse des frissons sur son passage, entre rage et amour.

Sa guitare est son autre grande force. Typiquement américaine mid-90’s côté Slint et Shellac. Des soli juste comme il faut et un son écorché mais précis qui s’étend sur de relativement longs morceaux. Sommet du disque, et meilleure chanson de l’année pour moi, "Notre enfance" reflète en cela tout ça. Il y a tout. La longueur (12 minutes), la présence, les breaks, le sens, la charge émotionnelle, l’histoire. Notre histoire.

En bref : pesant et dépouillé, Notre Silence est un regard unique sur la vie, d’un classicisme et d’une sobriété folle. Un soleil noir.





Le site officiel

"Cette colère" :




4 Comments:

Thomas S. said...

Excellente chronique ! J'ai eu l'occasion de voir Michel Cloup en showcase à Toulouse et, même sans batteur, c'était un très bon live. Les sons de guitare étaient vraiment captivants, graves à souhait et ponctués de larsens.
A+

Nickx said...

Michel Cloup est vraiment une référence indé en France, au même titre que son (ex)compère Arnaud Michniak. On espère les revoir bientôt réunis sous la bannière Diabologum, comme c'était annoncé ces jours-ci.

@ (ré)écouter d'urgence Le Goût Du Jour", probablement leur meilleur album !

Ju said...

à Thom : cool !

@ Nickx : mais sinon cet album ?

Nickx said...

Pas encore écouté.