21 décembre 2021

The Beach Boys - Feel Flows (The Sunflower & Surf's Up Sessions 1969-1971) - 2021


Bien sûr, l'intérêt de ce coffret qui compile deux albums essentiels
des Beach Boys des seventies, c'est bien de posséder la version ultimate (4 vinyle    s). Autrement, il ne s'agit que des bandes remasterisées d'un chef d'oeuvre (Surf's Up), d'un presque chef d'oeuvre (Sunflower) agrémentés certes de faces B essentielles mais déjà disponibles et notamment, de versions live de grands titres ("It's about time", "Surf's Up", "This whole world") plus ou moins d'époque.

Mais l'intérêt outre les versions a capella ou les inserts d'instruments isolés sur des plages de 2', réside bien évidemment dans les deux points suivants. Premièrement, la richesse étourdissante d'une certaine discographie parallèle des Beach Boys. Il y a en bonus en plus d'un très joli livret A4 de textes et de photos, un nombre affolant d'outtakes, de chutes dont la plupart font au moins jeu égal avec les morceaux historiques. Certains étaient connus car parus sur d'excellents recueils comme Good Vibrations - Thirty Years of The Beach Boys (1993).

Deuxièmement et c'est lié, la plupart de ces morceaux inédits ou très rares ("San Miguel", "Big sur", "I just got my pay", "Two can pay") sont le fait de la fratrie Wilson dans sa globalité voire dans une moindre mesure d'Al Jardine ou de Mike Love. La vraie supériorité du groupe par rapport aux Beatles, c'est qu'ils comptaient autant de grands compositeurs que de membres ; parmi eux, un batteur ne faisant pas que battre. Ainsi Feel flows, en plus de merveilles de Dennis comme "Forever" présente sur Sunflower, réunit enfin en vinyle ces deux fabuleux "inédits" et chutes de Surf's Up du Beach Boy surfer que sont "4th of July" et "(Wouldn't it be nice to) live again". Et d'autres choses incroyables et inconnues comme ce "My solution" complètement fracassé et expé de la main de Brian, une des nombreuses laissées pour compte de l'album roi, des incunables de Dennis à la pelle etc..

Là où donc les paresseux ne retiendront que le parcours du groupe jusqu'à Pet Sounds jusqu'à n'en retenir que ce dernier album, classique vampirisant toute l'oeuvre et quasi une oeuvre solo déguisée, les autres verront un groupe sûr de sa force pour ce qui est de la somme de ses talents.

Car au-delà de Bruce Johnston capable de sortir une ballade monstrueuse ("Disney girls (1957) ou bien d'Al Jardine qui rayonne sur "Lookin' at tomorrow (a welfare song"), ce sont bien les frères cadet et benjamin qui sortent du bois, A l'époque où Brian mal en point n'apparaît même plus sur les pochettes de disques (20/20), Dennis et surtout Carl emmèneront le groupe très haut.

On savait le guitariste lead plagiste très adroit vocalement ; car à la vérité il s'était émancipé avec "God only knows". A partir de l'album Friends, il s'impose comme le meilleur chanteur des BB, excusez du peu et c'est donc lui que l'on retrouvera le plus souvent aux avants-postes. "Friends", "I can hear music", "Wild honey", Darlin" ne sont que quelques uns de ses joyaux. Et c'est lui qui chante une nouvelle fois magnifiquement sur ses propres compositions. Ici sur "Long-promised road" et "Feel flows" sur Surf's Up ou celles de Brian :"Surf's up" le morceau-titre ou "This whole world" sur Sunflower. Sans oublier le furieux "It's about time" signé Dennis.

Ceux qui peu rétifs à l'art des Plagistes, argueraient d'un côté gnan gnan hérité des années surfs et des chemises à rayures - en vérité le même syndrome que pour les Beatles et leurs sages tenues col Mao -n'ont qu'à réécouter les titres qui vrombissent et rockent dur. On les doit à Carl et à Dennis, à ces "It's about time" d'anthologie ou "I'm goin' my way". Dennis dont on sait que le statut grandissant, posait un cas de conscience à Carl qui avait évincé un certain nombre de grands morceaux, quasi tous présents ici et qui seraient disséminés au gré de la carrière solo du beau gosse de la bande.

Un sans-faute auquel manque pourtant inexplicablement la bouleversante version alternate du merveilleux "Til I die", parue sur le CD Endless Harmony (1998). Ce délicat crescendo de vibraphones et de chants a capella ne se retrouve que sur la version à 5 CD (la plus garnie) qui regorge de jingles et autres démos anecdotiques autrement que pour les fans. Un crime de lèse-majesté que de ne pas l'avoir incluse ici.

En bref : la bande-son parfaite et quasi exhaustive (n'était un oubli coupable) de deux voire trois années essentielles du grand groupe américain. Rigoureusement indispensable.




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