20 mai 2020

Happy Mondays - Pills 'N'' Thrills And Bellyaches (1990)

1990 est à la fête, aux pilules (d'où le titre) et pas encore à la gueule de bois ni aux maux de bides. Où un sextuor totalement déjanté composé de fumeurs de cracks et de voyous notoires - à côté leurs rejetons des années 00 de Fat White Family c'est les Chanteurs à la Croix de Bois - fit danser une Albion gobant ecsta et habillée loose. Avec la future démission de Margaret Thatcher en filigrane.

3ème album de ce drôle de groupe après un premier essai raté (pourtant signé John Cale) dont un titre ("....24 Hour Party People....) servit de manifeste pour le génial film de Michael Winterbottom, qui encapsule les années Madchester et un sophomore informe mais néanmoins séduisant par sa transe (Bummed - 1988), Pills... demeure le sommet incontesté de cette escouade de branleurs.

Pour une bande de non-musiciens pensant plus à chiller qu'à réellement composer, les Happy Mondays parviennent à construire un disque cohérent qui certes remet peu en cause la suprématie de Bach mais fait le job et fait chiller le chaland.

Remarquablement mixé par le fameux DJ Paul Oakenfold qui capte au mieux l'esprit de défonce de Shaun Ryder et ses sbires, le disque a cette production aérée au sein de laquelle une basse hénaurme pilonne tout. Dès lors, que Shaun chante de manière désinvolte et souvent à la limite du faux, que certains thèmes plagient ouvertement des hits célèbres importe peu.

Ainsi le "Lady marmalade" de LaBelle énorme hit de 1975, rebaptisé "Kinky afro" bénéficie-t-il d'une seconde jeunesse. "God's cop" et son intro slide est dotée d'une rythmique qui si elle ne vous décoiffe pas prouvera que vous êtes mort.

Indomptables et ingérables, les Happy Mondays arrivent à se discipliner sur la presque doucereuse "Donovan" qui est un clin d'oeil... à un beau-papa illustre puisque Ryder débauchera la fille du fameux troubadour écossais et lui fera un enfant après avoir fait voler son propre couple en éclat.

Autre exemple de réussite, cet infernal "Grandbag's funeral" dégoulinant de reverb et funky en diable sur lequel on entend presque danser Bez. Bez ce drôle d'oiseau futur lauréat de reality TV et qui offrait ce curieux gimmick du danseur fou et frénétique, unique exemple de non-apport musical depuis la cruche des Thirteentn Floor Elevators et jusqu'au joueur de tambourin de Brian Jonestown Massacre.

S'étaient-ils inspirés des Smiths qui à leurs tous débuts avaient eu l'idée saugrenue de faire danser... le père de Morrissey (!) sur scène, avant que le ridicule gênant de la situation ne les fasse vite changer d'avis. Bez fit ainsi le pitre et servit de décor visuel au groupe pendant une décennie.

"Loose fit" et "Step on", reprise cette fois revendiquée d'un hit sud-africain de John Kongos comptent parmi les autres réussites du disque qui ne comptent que 10 titres comme autant de tubes ayant résonné dans la mythique Hacienda créée par les hommes forts de Factory. "Bob's yer uncle" à nouveau enluminée par les vocaux enflammées de Rowetta, chanteuse mascotte du groupe sur disque comme en concert boucle presque la boucle hédoniste de Pills 'N' Thrills And Bellyaches.

Avant que la plus sunshine et laid back "Harmony" ne serve d'épilogue à l'album... et à la carrière des Happy Mondays. Qui ne brillerait guère plus que par sa reprise house de "Staying alive" et terminerait la première partie de son périple musical en coulant le label Factory suite à de pharaoniques frais ayant oeuvré à la genèse du désastreux... Yes Please!  (92).

Happy Mondays, cette très réjouissante anomalie...

En bref : un disque témoin, émanation de non-musiciens qui curieusement continue d'encapsuler idéalement cette time capsule du déclin Thatcherien, de l'âge d'or des raves et de la house britannique.

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