13 avril 2020

Morrissey - I Am Not A Dog On A Chain (2020)

On avait laissé Morrissey sur un excellent disque de reprises (California Son - 2018), parenthèse enchantée dans une oeuvre devenue très inégale depuis le très bon Ringleader of the Tormentors (2006) et la collaboration avec Ennio Morricone.

Morrissey, grand parolier et interprète s'il en fut n'a jamais oeuvré dans un autre genre que la pop de lad, faite d'arpèges savants voire de power chords que lui ont délivré ses guitaristes et compositeurs successifs. En solo son apogée fut la brit-pop délivrée au milieu des années 90. Ainsi il n'a jamais été question de collaborations extérieures autres que blanches et encore moins électroniques.

Ici Morrissey conjugue les deux dans un album qui  repose sur de multiples loops saturés assez désagréables à l'oreille il faut bien l'admettre, et ce dès le "Jim Jim falls" assez insignifiant d'ouverture. Une electro de bazar est convoquée sur le titre écolo qui se veut catchy ("Once I saw the river clean") mais qui sonne surtout n'était la voix du Moz comme de la vulgaire variété radiophonique. Il y a aussi ce (très long) point culminant mi expé mi electro qu'est ce "The secret of music" assez inepte qui rend l'auditeur orphelin et très nostalgique des "How soon is now ?" d'autrefois.
Chant curieusement moins poussé et plus en retrait que d'habitude - ça en est presque dommage tant notre homme demeure un vocaliste d'exception (voir ces aigües justement qu'il réussit à atteindre sur "The secret of music") - textes moins percutants malgré la formule choc du morceau-titre, toujours axés sur une contrition qui tend à rendre l'entreprise éculée à force de tant d'exercices abordés dans les épisodes précédents. 

Mélodies insignifiantes voire souvent faibles, choix curieux d'intervenantes black soul disco..
Un morceau semble encapsuler cela, le très vilain et polysémique "Bobby, don't you think they know ?" - l'auteur fait-il allusion à sa "pansexualité" ou au définitivement très montré du doigt clan Kennedy ?  L'intervention dans ledit titre de Thelma Thornton, interprète de la scie "Don't you leave me this way" interroge. Son chant forcé et complaisant flatte en effet à peu près autant l'oreille du chaland, dispense le même swing que les choeurs féminins de feue Carole Fredericks aux côtés de Jean-Jacques Goldman. Lorsqu'en revanche il acoquine son timbre si particulier avec celui de chanteuses de son registre (comme il l'avait fait naguère avec Siouxsie sur "Interlude", Morrissey n'est jamais aussi convainquant que sur "My hurling days are gone." Car puisqu'il faut sauver forcément quelque chose de ce naufrage de 13ème album que Morrissey décrit comme son préféré (coquetterie si souvent réitérée par de nombreux artistes), c'est bien ce dernier titre - et allez le délicat "What kind of these people live in these houses ?"- mélancolique et sensible,  enfin débarrassé d'une production bling bling d'opérette.
Où le temps de ces 5' d'une mélodie sobre et belle à pleurer, l'artiste justifie enfin son rang. Véritable respiration en clôture d'un disque à coup sûr en passe d'être décrié pour enfin de saines raisons exclusivement musicales.

En bref : la vacuité et un véritable désert de mélodies encombrent ce 13ème effort de Morrissey de surcroît desservi par un (curieux) désagréable parti-pris de production électronique.


2 Comments:

Ju said...

Déjà que j'ai du mal avec les Smith, je risque pas de m'infliger ce disque avec ce que tu en dis ( ;

Nickx said...

Attention, les Smith et Morrissey solo, c'est encore différent.