24 janvier 2019

Henri Texier - Varech (1977)


Voilà un disque bien atypique connu d'une petite poignées de passionnés. Avec sa pochette folklorique, on aurait vite fait de le zapper en tombant dessus en brocante. Pourtant, les quelques originaux encore sur le marché s'arrachent à prix d'or, et l'on ne peut que saluer sa récente deuxième réédition en 40 ans. Les connaisseurs peuvent enfin écouter sur vinyle ce petit chef d'oeuvre inclassable de jazz à la française.

Fils de chemineau, Henri Texier né à Paris en 1945 de parents bretons. Dès l'âge de 15 ans, il joue régulièrement du piano en clubs parisiens, d'abord en accompagnateur pour l'orchestre de Jef Gilson puis dans les années 60 auprès des prestigieux Donald Byrd, Dexter Gordon, Kenny Drew, Bud Powell ou Kenny Clarke pour ne citer qu'eux. En 1968 il rejoint Martial Solal et Lee Konitz mais c'est dans les années 70 qu'il se met à élargir sa palette d'instruments, en total autodidacte.

Fan de Wilbur Ware, Henri jette définitivement son dévolu sur la contrebasse. Mais sur ce deuxième disque solo (comme sur Amir en 1975), il perfectionne la technique du re-recording et superpose lui-même ses propres enregistrements de contrebasse bien-sûr, mais aussi de oud, de bombarde, de flûte, de fender bass, de percussions mais aussi de voix (ici pas de mots, juste des sons).

On trouve sur cet album relativement court de 9 morceaux un charme indéfinissable. Inspiré par la culture celte mais aussi par l'Afrique du Nord et l'Inde, on a la sensation d'écouter un crossover de genre assez inédit, plutôt précurseur, sans cesse sur le fil, et qui il faut le dire n'a pas pris une ride. Cela n'a d'ailleurs pas échappé aux producteurs de musiques électroniques Bonobo ou Chinese Man qui ne se sont pas gênés pour sampler "Les là-bas", faisant immédiatement monter la cote des rares copies encore disponibles.

Même si j'avoue ici ne pas avoir écouté le reste de sa prolifique discographie, Henri Texier semble avoir roulé sa bosse en toute discrétion et a su se faire respecter par le milieu. Plus anecdotique, il a été fait Chevalier de la Légion d'Honneur en 2001.

En bref : un disque iconoclaste et intemporel de jazz français saupoudré d'influences africaines et indiennes. Une perle à redécouvrir sans plus attendre.





2 Comments:

Nickx said...

Je ne connaissais absolument pas. J'ai écouté, c'est intriguant et plaisant.

M.Ceccaldi said...

Trés chouette
le mec touche méchamment au oud