04 juillet 2016

The Pretty Things - Secret Place (Montpellier) 02/07/16


Dans ce haut lieu du garage, de la oï et du punk survitaminé, où seuls les groupes à guitares ont droit de cité, le rocker lambda avait rendez-vous ce samedi avec des légendes du British Beat.

Le Secret Place de Saint-Jean-de-Védas donc, ses plafonds bas, sa petite scène, sa drôle de configuration en L, sa sono euh... douteuse et son ambiance tellement roots et sympathique accueille les Grys-Grys, furieux groupe local à croisement de Supergrass (les rouflaquettes du chanteur) et de BJM (pour les tambourins et maracas du Joël Gion du cru). Ces locaux nous ont enchantés via deux EP en écoute sur les différentes plateformes. Où le rhythm and blues le dispute au garage le plus teigneux.


Las, le son est tellement fort, tellement assourdissant qu'il ne rend pas vraiment justice à une musique pourtant aisément fredonnable. On saigne littéralement des oreilles ; la question est donc : pourquoi jouer si fort, quand en plus le son de la balance n'est pas tip top (pour ne pas dire dégueulasse) ? 

Mais ceux que l'on est venu fêter tout émus, ce sont les beautiful losers du British Beat, ces imputrescibles Pretty Things qui tels les Zombies, remettent ça quatre décennies plus tard. Et comme ces derniers, les Pretties ont toujours leurs deux membres fondateurs et compositeurs : le génial Phil May, seul membre à avoir traversé tous les line-up de sa formation, et l'invraisemblable Dick Taylor (nous y revenons) qui a lâché l'affaire avant Parachute face à l'insuccès chronique de son groupe.

Pourquoi invraisemblable ? Parce qu'avec un son enfin à la hauteur et des grattes toutes plus belles les unes que les autres, le barbichu qui affiche de faux airs de Woody Allen de la six-cordes avec ses fines lunettes, s'avère un guitariste fin, inspiré, impétueux, qui prend à une exception près tous les solos ; et gratifie le public avec son compère chanteur, d'un splendide medley blues à la slide guitar où de vieux standards tels Willie Dixon sont convoqués. Un mec qui sans enlever de leur valeur aux Glimmer Twins, peut sérieusement en remontrer à Keith Richards.

D'humeur affable, manifestement très heureux d'être là - certains groupes nains et élevés au rang de next big thing comme Allah-Las pourraient en prendre de la graine - les Pretty Things - deux vétérans plus une recrue 80's et deux jeunes fort doués-  nous régalent une heure et demie durant.

Les moments forts sont évidemment les emprunts au génial S.F Sorrow ("S.F Sorrow is born", "She says good morning" et un "I see you" sur lequel May va chercher des aigus dont on ne le croyait plus capable). C'est tout juste si l'on se sent orphelin de "Baron Saturday".

Mais il y a aussi une ole fav', ce "Alexander" d'anthologie que les connoisseurs chérissent : d'abord éditée sous l'avatar Electric Banana, on la retrouvera plus tard enfin publiée dans le superbe Philippe De Barge, l'album inédit du groupe de 1969.

Et puis bien-sûr ces incunables que sont  "Don't stand me down" (repris par Bowie sur son Pin Ups d'alors, sur lequel les Pretty Things étaient les seuls à avoir droit à deux titres), ainsi que "Midnight to six man", qui font rugir de plaisir tous les quadras/quinquas présents dans la place.

Un très grand groupe à la classe toujours intacte et au répertoire impérial auquel l'Histoire saura rendre son rang légitime.

1 Comment:

M.Ceccaldi said...

ah les vieux, parfois c'est trés bien!! la preuve...
dans un autre genre j'ai vu Slayer avec tom araya en papi du thrash, c'était carrément la leçon de rockn'roll!!
bises