07 juin 2016

#TINALS - An IV - Chapitre 3 - 05/03/16


Pour des raisons tant auditives que de parti-pris, le troisième et dernier volet de cette édition du TINALS 2016 ne paraît pas nous être le plus destiné sur le papier. Même si ici ou là, quelques noms ont été déjà été cochés.

Commencée sous une cagne conséquente, bien loin des précipitations tant redoutées, direction la Flamingo pour le set des très attendus  marseillais de Quetzal Snakes.


copyright Gaël Bouquet

On en apprend tous les jours ; il y a de bons groupes français - ça on n'en a jamais douté - mais certains viennent de la décriée cité Phocéenne, où on en était resté à la très bonne soul jazzy des Troublemakers, autant dire il y a une éternité. Eh bien, on a maintenant la pop très remontée et musclée de Quetzal Snakes. Sur une Flamingo en fusion et sans temps mort, les titres tous plus excitants les uns que les autres défilent. Le groupe porte beau, joue bien, est en place, le son est clair. Et ces serpents là sont  largement meilleurs que quantité d'âneries indie usinées Outre-Manche qu'on veut nous faire prendre pour des lanternes. Examen de passage largement réussi.

Après avoir retrouvé en conférence de presse notre très estimé confrère Julien "Bouddhanight" qui nous livre quelques impressions intéressantes sur l'envers du festival, nous rejoignons la grande salle pour expérimenter une petite bouffée rétro.

Le fantôme des Black Sessions
Courtesy of David Sarandon

Et l'on se replonge quelque 25 années en arrière du temps des Black Sessions sur Inter, où Grant Mc Lennan et Robert Forster, les deux leaders de feus The Go-Betweens étaient souvent à l'honneur. Pop, folk-rock carrillonnante, teintée de R.E.M, de Velvet et d'esprit des antipodes ; puisque ces oiseaux-là étaient australiens.

En mode electro-acoustique, l'un des deux chanteurs compositeurs du groupe défunt, vient présenter son nouvel album solo, tout juste débarqué de la Primavera et recrue tardive du TINALS qu'il a eu beaucoup de difficultés à rallier ce jour. La petite soixantaine élégante et un port très aristo, svelte et distingué dans une chemise rose cintrée ainsi que le cheveu argenté qui le fait ressembler à un vieux professeur de maths bien sympa, le vétéran de l'édition 2016, revient prêcher la bonne parole pop.

Avec un phrasé très Reedien, l'homme envoie ses nouvelles chansons à un public ravi qui n'attend que ça, et n'oublie pas d'interpréter quelques hymnes du groupe qui fit sa gloire, culminant avec des titres du désormais classique 16 Lovers Lane. Souvenirs...

Pendez les haut et Courts...
copyright Gaël Bouquet

Très attendus, les new-yorkais de Parquet Courts ne déçoivent pas. Les branleurs pop-punk lo-fi ont récemment raflé la mise avec leur meilleur album, l'excellent  Human Performance. Aujourd'hui, ils viennent présenter leur opus, en n'oubliant pas de rappeler à notre bon souvenir les irrésistibles petits hits qui nous les avait fait connaître et apprécier. Le concert s'ouvre d'ailleurs sur ces "Master of My Craft" et autres "Borrowed Time" tellement réminiscents de l'esprit post punk de Wire et autres Gang of Four qu'ils en sont rafraîchissants.

A tour de rôle, Austin Brown (le pâle maigrichon), Andrew Savage (à l'étrange coupe au bol) et Sean Yeaton (troublante ressemblance avec le jeune demis Roussos d'Aphrodite's Child) prennent le relais au chant dans un étrange mix de foutraque et de sérieux en même temps.

Quel dommage alors que nos hommes qui ne comptent déjà pas parmi les plus grands vocalistes (ce n'est pas ce qu'on leur demande) soient à ce point desservis pas une balance qui rend leurs voix inaudibles. C'est le seul point noir et récurrent du son au taquet sur la Flamingo !

C'est dans les vieilles soupes..
Courtesy of David Sarandon

Direction la grande salle pour (re)voir  à l'oeuvre les fondateurs de cette scène post-rock tant décriée au mitan des 90's. Sur la foi d'un dernier album assez calamiteux et au visuel très laid, Tortoise qu'on avait plus que perdu de vue, s'avère l'une des bonnes surprises de cette cuvée TINALS.

Avec leurs batteurs se faisant face, l'on retrouve John Mc Entire qui dirige l'affaire derrière ses claviers de main de maître. Jamais bavards ni prétentieux, ce set là rappelle toute proportions gardées la grande claque assénée par les BadBadNotGood de l'an passé. Des giclées de vibraphone bienvenues viennent rappeler à point nommé l'obédience jazzy de la bande chicagoane. Fédérateur.

Piche Oust !
copyright Gaël Bouquet

On pourra toujours se poser la question du bien-fondé de la programmation d'une musique originellement fabriquée à deux et à vocation intimiste, sur cette grande scène extérieure, où tout le monde se croit obligé de jouer très fort. Où tout le monde sauf les gringalets de Foals ont pâti d'un son dégueulasse qui sur les voix, qui sur les synthés etc...

Résumons : planquons un éléphant dans un magasin de porcelaine et l'on obtiendra aisément le rendu du concert de Beach House au TINALS. Cette musique que l'on peut aisément qualifier sans se tromper de dreamy pop aux envolées mélodiques charmantes, constitua un désastre ce dimanche soir.

L'on trouvera bien un fan extatique pour nous expliquer que "c'est comme ça que Beach House doit être écouté" ; on n'en sortira pas plus convaincu : light show fumeux où l'on ne distingue rien, mais où l'on perçoit que Victoria Legrand ne joue pas souvent de son instrument, vu que son guitariste et son bassiste sont occupés ailleurs, Etrange....

Batterie assourdissante, là où on attendait une chétive boîte à rythme, basse saturée, capuches de pénitents à la con, show dans l'ombre ; rien ne va. Une partie du public  rugit de plaisir quand le fond de la scène se remplit de points blancs...
En plus, ils ne jouent pas "Majorette" !
Beach House, nos Cocteau Twins contemporains, peuvent être magnifiques sur disque ; ce soir c'est juste d'une laideur confondante....

Ainsi s'achève quasi la 4ème édition du TINALS qui dans l'ensemble, a été un succès. Entre confirmations, découvertes, paris, ce ne sont pas les quelques déceptions ici ou là qui altéreront notre satisfaction d'avoir participé une nouvelle fois à l'aventure.

D'autant qu'avec 15000 entrées enregistrées avant même le chiffre de clôture de la journée de dimanche rendu public, ce nouveau This Is Not A Love Song a été un succès : stands toujours plus et mieux adaptés à un environnement ouvert et familial, l'incontestable succès de la nouvelle scène extérieure, théâtre de bien de performances de haute tenue, une gestion de la sécurité et de l'évacuation de la phase gratuite confondante.

Tout juste peut-on suggérer d'essayer d'améliorer l'engorgement des files d'attente du premier jour, étape clé. Il est en effet inattendu que les titulaires du pass trois jours, et parmi eux ceux qui se sont produit les premiers le précieux sésame soient aussi longs à pénétrer dans l'enceinte. Quand les "simples" journaliers, le font en un clin d'oeil.

Nous serons encore là l'année prochaine, et jusqu'à temps que P.I.L qui a donné son nom au festival vienne entonner la fameuse ritournelle. Et ayant bien retenu les propos du boss des lieux Fred Jumel, on croisera les doigts pour que la conjoncture, la baisse toujours plus drastique des subventions n'obère pas de la pérennité de ce festival si cher au peuple gardois à présent. Et au-delà, à un vaste panel de festivaliers venus de tous horizons.

10 Comments:

Ju said...

Connais pas Quetzal Snakes, faudra que j'ecoute ca.
C'est cool que t'aies vu Bouddha !
Parquet Courts j'ai toujours trouve ca sympatoche mais vraiment pas extraordinaire non plus.. et le dernier album me laisse de marbre..
En revanche j'aime bien le dernier Tortoise, comme quoi.. ( ;

Un jour on reviendra au TINALS ! ( :
Merci pour ces reports en tous cas
Bises
Ju

Nickx said...

Ben j'espère bien que vous reviendrez au TINALS, sinon ça voudrait dire que vous ne reviendriez pas en France !
On avait passé de chouettes soirées ensemble sur Midlake, Neutral Milk Hotel etc

M.Ceccaldi said...

je rêve où j'ai la berlue ?
tu n'es allé voir ni Schellac, ni Drive Like Jehu, ni Unsane ?
espèce de barbare !!! :-)
J

Nickx said...

Shellac, Drive Like Jehu et Unsane occupent à peu près la même place dans ma vie quotidienne que le commerce extérieur de la Corée du Nord n'a d'influence sur les conquêtes féminines de Julio iglesias !

Et puis Shellac, j'ai toujours préféré sa période disco période Shellac B Devotion.

Bouddhanight said...

Pas un mot sur Girl Band mais WTF !!! Je n'ai jamais vu un live saisir tant le public de fil en aiguille... Seuls les Inrocks en parlent pour l'instant mais de manière bien grasse, quelle manque de finesse, bref...
Sinon ton sentiment sur Quetzal Snakes confirme ce que j'avais pu entendre... Du tout bon ces marseillais !

Pour Beach House en complet désaccord, Victoria n'était pas du tout investie, les ziques de Bloom, je peux vraiment pas, elles donnent le tournis... Elle avait l'air très enthousiasmée par sa performance après le concert d'ailleurs... Un groupe fait pour les petites scènes si tu veux mon avis...

Sinon grosse claque sur Yak (performance de rock hallucinée) et Cavern of anti matter pour son kraut spatial et métronomique...

Dans tous les cas heureux d'avoir fait ta connaissance dans le cadre de ce festoche pétri de vertus...

Bises

Nickx said...

Itou pour la rencontre très sympa !

Je n'ai pas vu donc pas pu parler de Girl Band, simplement du fait que Parquet Courts et Quetzal Snakes excepté, j'avais volontairement fait l'impasse sur tous les groupes à guitare dont aucun ne m'avait convaincu sur bande.

Pour Beach House, on pense la même chose en fait ?

Bouddhanight said...

Ah oui en effet, j'avais sauté le piche oust ! Je suis fatigué, terminé ce festival sur une sacrée boulette...

Bouddhanight said...

Et pour Girl Band c'est un groupe à guitares sans en être un...

M.Ceccaldi said...

didon nickxx
je vais voir meshuggah et slayer au festival jazzlab de montreux (smoooke on the water, tan tan tan)
je ferai une chronique rien que pour t'embêter et couvrir de honte ptit Segal :-)
J

Nickx said...

Slayer fait du jazz maintenant ?!