26 février 2014

Interview - Les Marquises (Février 2014)

Rencontre avec Jean Sebastien Nouveau, tête bien pensante des Marquises, qui nous délivre les arcanes de sa pensée Magique. Entre fantasme et réalité, musique et cinéma, pop, rock progressif et jazz, le garçon aime naviguer entre les eaux pour au final y faire émerger son propre modèle. Explications.



Comment s'est formé ton groupe Les Marquises ?

Jean-Sébastien Nouveau : Les Marquises n’est pas un groupe mais une association, issu d'un projet mené en amont nommé Immune.  La démarche était de pouvoir donner une réelle dynamique à la composition des morceaux en ne se restreignant pas à un nombre particulier de musicien, et qui plus est, possède son propre style de jeu. Je ne sais plus combien de musiciens ont participé à l'album mais je compose le gros des morceaux tout seul, et ensuite, Martin Duru avec qui je fais de la musique depuis le lycée, a débloqué certains passages pour faire avancer les compositions. Sur Pensée Magique le chant est sur chaque titre interprété par un chanteur différent. Pour ma part je ne chante que sur un seul morceau "Cassette". L'ouverture de l'album est d'ailleurs le seul morceau chanté en français, le reste est en anglais.

A ce propos, bien que ta musique ait ce côté fouillé, on peut ressentir en elle un squelette pop, notamment lorsque l'anglais s'empare des morceaux, est-ce une volonté bien définie de ta part ?

Jean-Sébastien Nouveau : J'aime la musique instrumentale mais elle finit par me faire chier, la pop permet à l'auditeur de pénétrer de manière moins ardue dans des contrées plus obscures. L'expérimental à tendance à déposséder la musique de son émotion, la pop elle, permet de préserver une certaine sensibilité dans l'oreille de l'auditeur.

On sent que Pensée Magique baigne dans un certain exotisme, notamment en raison des instruments utilisés, peux-tu nous en dire plus ?

Jean-Sébastien Nouveau : Je n'ai pas spécialement écouté de musique exotique pour faire cet album hormis de la musique balinaise. Jonathan Grandcollot, notre batteur, a eu un rôle essentiel, car la musique des Marquises est très dirigée par les batteries. On y retrouve aussi des violons, de la trompette, et une cithare différente du sitar indien. J’ai aussi utilisé beaucoup de claviers, et bien sûr le couple guitare – bass. Une multitude d'instruments ont été utilisé, je ne pourrais pas tous les citer.

Comment as-tu procédé pour enregistrer le disque ?

Jean-Sébastien Nouveau : J'ai l'habitude de composer et d’enregistrer dans le même temps. Par exemple j’enregistre une boucle rythmique et ensuite j'y empile des sons qui vont créer un rythme bien précis. Ensuite je tente d'y incorporer des mélodies tout en retirant certains sons et ainsi de suite. Utiliser une sémantique cinématographique m'a permis de faire avancer certains morceaux en imaginant au préalable leurs structures, via des séquences avec des mouvements particuliers. "Les maitres fous" représentant la traversée d'une île que nous aurions rejointe après une longue traversée maritime, puis l'entrée dans une jungle etc... L'important est certes d'avoir un modèle en amont de la musique mais surtout de laisser parler son intuition lorsque l'on travaille sur sa composition.

Et pour la production ?

Jean-Sébastien Nouveau : J'aime mixer le son chez moi car la période entre la composition et le mixage est réduite, ainsi les morceaux jaillissent sans maquette et avec plus de spontanéité. L'important n'est pas toujours de pouvoir faire jouer et résonner un instrument parfaitement mais de créer une base de sons conséquente pour multiplier les possibilités d'arrangement.

Pensée Magique invoque une musique à la croisée des mondes, as-tu beaucoup voyagé ?

Jean-Sébastien Nouveau : Je ne suis pas un grand voyageur, le côté exotique de l'album émerge surtout d'un fantasme. Cela s'est révélé au final épuisant car le geste créateur a été impulsé par des images mentales, donc par projection. Le titre du disque Pensée Magique, ramène à cette capacité de pouvoir modifier des choses de la réalité dans la perspective de satisfaire son désir. Ainsi j'ai pu construire ce voyage qu'est Pensée Magique.

Comment s'exprime votre musique sur scène ?

Jean-Sébastien Nouveau : En live Les Marquises fonctionnent comme un vrai groupe, constitué de quatre musiciens inamovibles, dont un chanteur, un trompettiste, et mon frère Julien Nouveau qui est à la batterie. Cela nous permet de mieux jouer ensemble et d’acquérir plus de cohésion. J'ai accueilli un nouveau chanteur pour ce disque. Son travail d’interprétation a été colossal car il ne connaissait aucun titre de l’album. Le live permet à l'artiste de se réapproprier ses morceaux et d'aller dans des directions différentes de celle définies par la structure d'un album. Je suis bien plus confiant sur l'expression scénique de Pensée Magique que pour notre premier disque, notamment pour son jeu de percussion qui devrait insuffler une réelle énergie à nos concerts.

Enfin quelles sont tes principales influences musicales en général et pour ce disque ?

Jean-Sébastien Nouveau : J'ai eu envie de faire de la musique après l'écoute de The Cure. J'aime la simplicité et l'ambiance développé par ce groupe, toujours au service de la mélodie. J'ai une affection particulière pour le titre "All Cats Are Grey". J'ai du mal avec le rock progressif, quand le musicien s'exprime trop avec son instrument. La musique n'est pas juste une question de performance instrumentale. Ce réflexe émane principalement de ma position d'auditeur qui aime les structures sonores minimales. Chaque instrument doit servir le mouvement de la musique et créer une cohérence globale. Radiohead a été une étape  importante dans mon appréciation de la musique avec le passage OK Computer / Kid A. John Coltrane et Robert Wyatt ont eux aussi joué un rôle essentiel dans ma manière de penser la musique.

Album Pensée magique sorti le 17/02/14, disponible via le site du label Ici d'ailleurs.

Les Marquises en concert à Paris à l'Espace B le 12 mars 2014 

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