21 octobre 2013

Thundercat - Apocalypse (2013)

Thundercat alias Stephen Bruner, main de fer dans un gant de velours et génial bassiste de Flying Lotus, livre un nouveau disque deux ans après la sortie de The Golden Age of Apocalypse. Ce second opus, baptisé non sans lumière Apocalypse, arpente le même chemin que son aîné, déployant une musique résolument chill, dans laquelle se disputent des élans si bien funk que soul, lorgnants à certains égards sur le jazz fusion.

Moins expérimentaux et plus policés, les titres qui matérialisent cet album se révèlent plus abordables à l'oreille que ceux de son prédécesseur, réussissant de fait à cristalliser moultes inspirations sonores dans des espaces plus formatés.  Le génie musical et mélodique de l'artiste tend par cette voie à révéler tout son savoir faire, capable d'embraser le dance floor avec le groove disco de "Oh Sheit It's X" et de se muter en ballade suave aux accents R&B sur "Heartbreak + Setbacks". La musique de Thundercat gagne ainsi en modélisation ce qu'elle perd en expérimentation.

                                  
Bénéficiant d'une production estampillée Flying Lotus, l'âme des morceaux reste tout de même peu encline à une composition formelle et définie, saccadée et tourmentée qu'elle est, par des beats tumultueux et ténébreux comme sur "The Life Aquatic".  L'attention toute particulière de Fly Lo pour concocter des rythmes désarticulés se ressent ici aisément, bien que l'articulation des morceaux dépende dans l'ensemble d'un jeu de basse métronomique. Instrument majeur de l'album, la basse de Stephen Bruner ondule à merveille et enrobe les morceaux d'une chaleur tropicale.  Comme témoigne "Lotus And The Jondy", fusion déliquescente entre le jazz et la soul.

Perché quelque part entre Nosaj Thing et Toro Y Moi, Thundercat sillonne les reliefs de la west coast, portant une chill wave atmosphérique et déculottée de tout principes, comme l'affirme l'ouverture de l'album "Tendfold". En outre le chant de Thundercat suit une ligne aigüe et profonde, rendant hommage à ses pairs, pontifes de la soul des années 60 - 70.  Au final Apocalypse se dresse comme un disque assez ambitieux rendant hommage à un héritage musical plus que revivifié.

En Bref : à la croisée des chemins musicaux et temporels, Thundercat atteste avec Apocalypse que la soul n'est pas morte. Mieux, il redonne au genre un nouveau souffle, en usant d'une production expérimentale mise au service de mélodies chaudes et chatoyantes.






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