19 décembre 2010

Ben’s Symphonic Orchestra - Island On A Roof (2010)

Vous connaissez les poncifs, c’est la fin d’année, et l’heure de regarder dans le rétro si l’on n’a rien oublié. Et au moment des bilans, le constat est sans appel, où sont les français ? Il était facile de passer à côté du troisième album de l’homme orchestre Benoît Rault tant il est discret. Quasi ignoré de nos compatriotes et pourtant courtisé par les Anglais, celui que l’on avait coutume d’appeler le Beck français revient sept ans après avec un album sublime destiné à demeurer dans l’ombre. C’est bien dommage, car on tient peut-être là l’un des disques pop de l’année.

Cette île sur un toit, c’est le home studio de Benoît au dernier étage de son appartement Rue St Denis à Paris. De formation classique, à la fois compositeur, interprète et arrangeur, il affiche une culture pop country folk sans faille. Si Lee Hazelwood et Roy Orbison devaient être ses idoles, il en a gardé le sens mélodique et une classe innée. Dès les premières secondes, l’intro instrumentale de "Crashed on a beach" pose l’ambiance. Une production ample, une douce plainte guitaristique puis des roulements de tambours salvateurs précédent une nouvelle guitare électrique en accords descendants. C’est majestueux et ça impose le respect.


Derrière, Benoît retourne sa veste et devient le crooner qui pousse à la rêverie, tout en contrebasse et en arpèges sur "Island", c’est magnifique. "We feel love" quant à lui est un joyeux folk au banjo, naïf et maîtrisé. Je vois ensuite une spéciale dédicace dans ce "Julian’s song" intemporel. Là encore les arrangements changent, et on se retrouve dans une intro Beach Boys avec des cloches, un refrain psalmodié et une guitare espagnole qui prend le relai. Ca n’arrête jamais et le déchirant "Brother" (Benoît a tragiquement perdu son frère musicien lui aussi) trouve sa place au milieu d’un album déjà bien chargé. Comme si Bowie chantait sur les guitares de Pavement, et tout ça tout seul (bien que mastérisé à New York par Alan Douches). Et cette basse…

Loin d’avoir fini, "Guns" me rappelle à Jeremy Jay, "Build this house" est excellente, et "You’re making some good to me" sonne comme du Prince ! Tout ça et bien plus encore en seulement dix titres par un français tout seul, moi je dis que ça mérite bien plus à nos oreilles que de la simple indifférence.

En bref : un petit génie bien de chez nous nous pond dans le dos un petit disque pop parfait, là haut sur les toits.




Le site officiel, le Myspace et l’album en streaming

"Brother" et "Island" en live dans des conditions qui reflètent bien l’indifférence à son égard. Fools ! :




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