07 juillet 2022

Steve Harley And Cockney Rebel - The Best Years Of Our Lives (1975)

C'est une constante : le bubblegum et le glam rock ont été des courants aussi fugaces qu'impitoyables en termes de renommée. Plus encore que la pop sucrée et arrangée du premier courant finalement vouée à disparaître après l'émancipation des grands groupes du British Beat (Kinks, Who Pretty Things, Beatles en tête), le rock à paillettes en a laissé un paquet sur le bas-côté. Tout comme The Sweet ou Slade, Cockney Rebel a plus que connu son heure de gloire mais ne fait guère plus frétiller que l'oeil de la ménagère britannique nostalgique.

 
Au début des années 70, Stephen Nice qui ne se fait pas encore appeler Harley, monte un groupe dont la finalité doit être de détrôner des charts le T Rex de Marc Bolan et les Spiders From Mars de David Bowie dont il est très fan, admiration d'ailleurs réciproque. Steve, beau gosse et ambitieux est aussi omnipotent, composant tous les morceaux et élément qui aura son importance, n'entend pas déléguer. Entouré de quatre dévoués acolytes, Cockney Rebel a alors tout d'une irrésistible machine à tubes, bien inféodée aux codes du rock glitter. A un détail près : si les paillettes, les pantalons pattes d'eph et jabots de soie sont là, la rythmique basse-batterie est avantageusement complétée... d'un violon ! instrument peu en vogue autrement que chez les peu scrupuleux éléphants du prog-rock ou au sein des merveilleux Curved Air, autre groupe scandaleusement oublié.

La guitare est cependant présente mais elle ne se pavane pas comme on pourrait s'y attendre et sans lui ressembler ton pour ton, son suppléant le violon joue un peu ici le rôle du saxophone chez Roxy Music.
Le groupe fait d'emblée un carton, sort sous son premier patronyme deux premiers albums impeccables : The Human Menagerie (1973) et Psychomodo (1974). Le premier en particulier offre de purs classiques et se démarque avec une curieuse mélopée éditée en single et où le violon règne en maître ("Sebastian").


Hélas, comme le succès est là, les musiciens s'enflamment et se piquent d'ingérence au songwriting. Mais Steve Harley plus entêté et sûr de son art que quiconque, décide de virer tout le monde, de garder le nom du groupe en lui accolant savamment le sien devant. Tout le monde ? Non car  le batteur, le moins velléitaire du lot  - on le sait, les batteurs généralement ne sont pas trop regardants -  échappe à la purge et continuera l'aventure tel un Martin Chambers chez Chrissie Hynde ou bien Jody Stephens avec Alex Chilton.

Cockney Rebel devient alors Steve Harley And Cockney Rebel  pour couper court à toute ambiguïté. Le 3ème album du groupe sera sans doute le plus couronné de succès. Un titre en particulier, la bravache "Make me smile (comme up and see me)" devient un succès au point de s'écouler à plus d'un million d'exemplaire et de devenir plus tard l'un des titres-phares du manifeste Velvet Goldmine. Repris par à peu près tout le monde, ce titre fera même l'heur du répertoire de groupes indés des 90's, dont The Wedding Present, autre oublié notoire, qui offrira la version la plus emblématique et adoubée du reste par son créateur. Mais le reste du disque est à l'avenant : "The mad mad moonlight" est ainsi cet autre titre parfait où les riffs rythmiques (la guitare a repris quelque peu ses droits) sont dignes des meilleurs Alice Cooper ou Mott The Hoople. "Mr Raffles" est une magnifique ballade au piano aux dissonances de bon aloi."It wasn't me" et "Back to the farm" sont ces autres titres en formes d'hymnes mais tout pourrait être cité.

Steve Harley And Cockney Rebel tout au long des seventies et des eighties poursuivra une longue carrière mais sera vite hors radar des encyclopédies et surtout n'égalera plus la splendeur de ses trois premiers efforts. Qu'importe : les meilleures années avaient bien eu lieu.

En bref : l'un des grands oubliés du glam rock. Excentrique mais pas trop. Pailleté évidemment.

                        

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