08 septembre 2017

Dead Cross - S/t

Voilà un bon disque pour se sortir d'une torpeur languide suite à un excès de musique droguée ! J'ai vraiment flashé sur ce disque ! Dead Cross est un super groupe : Mike Patton (M. Bungle/Faith no more, Tomahawk/Fantômas/ 3000 collaborations avec Merzbow, Zorn, Anthony Pateras, Melvins, ...), Dave Lombardo (Slayer!!!), ceux là vous êtes censés en avoir entendu parler ; les deux autres sont d'excellents musiciens dans les genre grind et hardcore (The locust et Retox). Les super groupes c'est tout ou rien : Naked City ça fait encore rêver aujourd'hui, alors que Dave Grohl avec le bassiste de Led Zeppelin, tout le monde s'en fout. Pour Dead Cross c'est carrément l'extase : un chanteur hors pair capable de crooner sans faire de manières (mon modèle dans ce genre c'est Johnny Hartmann, avec Coltrane), de hurler avec une intensité phénoménale, sans sacrifier les nuances, les couleurs, les modulations, avec un sens rythmique hallucinant ; un batteur avec SON style à lui, dans un genre où tout les batteurs se ressemblent, jouent pareil et ont le même son (vous avez reconnu : le métal !). Le résultat, c'est un disque de pur hardcore, bourré d'énergie, aussi frénétique qu'un solo bebop dans les oreilles d'un Kerouac, mais surprenant par ses mélodies et ses choeurs.


Le hardcore, voilà un genre, me semble t-il, assez consistant, et pas une de ses multiples étiquettes inventées sur la base de pas grand chose. Pas non plus un truc un peu vide qui consiste juste à beugler et à saturer un max les grattes. Evolution très sensible du punk rock dans les années 80 aux States (1), le hardcore est un genre très vivace, auxquels se rattachent de nombreux groupes aujourd'hui, même quand ils sonnent "métal" (question d'évolution du matériel aussi : on peut penser à Converge). Dead Cross est beaucoup plus proche des Blackflag, Bad brains, Minutemen, Butthole Surfers, que de Judas Priest, Megatdeth, ou autre. Le chant hurlé, contrairement à ce qu'on pourrait croire, n'est pas définitionnel : les premiers groupes de hardcore ne hurlaient pas. Ici Patton déploie tout son savoir faire de chanteur et de vocaliste, et propose de véritables mélodies. On aura du mal à convaincre les récalcitrants en disant que sur presque chaque morceau, il y a des accroches mélodiques, des choeurs et autres "houuu houuuu", et pourtant c'est vrai ! Mais bon soyons honnêtes, si le hurlement n'a aucune dignité musicale pour vous, passez votre chemin ! 


Si Patton  semble occuper tout l'espace, en se démultipliant par la magie du looper, c'est quand même Lombardo qu'on écoute surtout et qui fascine. Il est l'âme de cette musique, lui insuffle une énergie folle, une frénésie hors du commun (après ça un batteur qui oserait tenir un pattern pendant tout un morceau, ou se contenterait d'en enchaîner deux ou trois, vous paraîtra immanquablement fade !). Tout va à cent à l'heure, c'est le feu d'artifice permanent, et seule une reprise (pas passionnante) du Bela Lugosi's Dead de Bauhaus offre une respiration. D'ailleurs il y a un côté batcave dans beaucoup de passages, ce qui permet de se faire un petit frisson gothique sans le côté chiant de ces groupes cold à la mode qui remplissent 80% des pages de Noise Mag... Et bien sûr les fans ne manqueront pas d'entendre du Faith No More ou du Tomahawk, ici ou là, mais propulsé par le batteur de Slayer !

(1) utilisation des power chords (accord à deux notes fondamentale / quinte, alors que le rock joue la tierce), plans de gratte typique du métal (notes répétées à la croche ou double croche), batterie et guitares à l'unisson sur les riffs ou les pêches, harmonie allant chercher des progressions au delà de l'habituel I/IV/V propre au blues et au rock.

En bref : la tuerie hardcore du moment ! avec des notes de musique dedans ! Une rencontre au sommet de grands maîtres de la violence sonore.

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