26 novembre 2016

Arno - Human Incognito (2016)

Et si ce 13 ème (?) album d'Arno sous son nom sorti au début 2016 (il y a aussi celui avec les Subrovnicks) mettait tout le monde d'accord ?

L'impayable belge remet ça, drivé à nouveau par John Parish, qui l'avait remis en selle sur son précédent Future Vintage de 2012. Et c'est à nouveau un régal de veine poético-absurde, une jubilation d'entendre sa voix éraillée déclamer des manifestes "anti" ("I'm an atheist / C'est si bon d'être con !") sur "Please exist", avec toujours ce mélange français-anglais au sein du même titre que seul l'ex-cuisinier personnel de Marvin Gaye peut s'autoriser, sans paraître ridicule. L'anti-Noir Désir en quelque sorte...


C'est une nouvelle pierre à l'oeuvre pléthorique et passionnante d'Arno, leur Gainsbourg à eux que ce Human Incognito et sa fine pochette dégingandée ; Arno sait toujours cultiver l'absurde et l'originalité jusque dans ses visuels. Où l'on se délecte autant diablement de refrains accrocheurs sous forme de manifestes ("I"m just an old motherfucker" et son intro qui fait plus qu'emprunter au "Melody" du grand Serge, "Please exist","Dance like a goose", les adorables choeurs féminins de "Never trouble trouble", "Now she likes boys") que de chansons plus en demi-teinte, dans lesquels les instruments électriques suppléent la brillance des guitares et des synthés.

"J'ai vu une mouette avec des lunettes /J'ai vu un poisson mouillé" extrait de la bien nommée "Chanson absurde" (de 3 minutes") aux roboratives giclées d'harmonica sur cet éternel tapis bluesy .
"J'oublierai jamais notre premier baiser /Quand ta langue est rentrée /Rentrée dans ma bouche comme une nouille sautée." Qui d'autre que Arno pour asséner pareilles métaphores ?

En une petite demi-heure, no bullshit, l'artiste va à l'essentiel et nous livre aussi ses refrains désabusés et touchants de candeur ("Je veux vivre", "Oublie qui je suis", "Santé"). Le son est impeccable, les synthés, guitares et autre accordéon, tout claque et se met au diapason de l'héritage chanson française / blues de notre alcoolo préféré. Pas de passéisme ni d'obsession vintage façon Jack White pour cet obsédé des bluesmen du Delta, Kinks ou autres Beefheart.

Qui n'a pas son pareil pour conter les mots de son maître et compatriote Brel, en chantant la bouteille, les filles, "les cocus du monde entier". Indispensable.

En bref : impossible de se lasser du mix rock débraillé aux grosses guitares et aux relents synth wave du plus déglingué des dandies d'outre-Quiévrain.




Le site de l'Artiste


"Please exist"

 

"Dance like a goose"


 

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