31 décembre 2024

Julian Cope - Friar Tuck (2024)

Qui pour intituler l'un de ses titres "Will Sergeant blues" ? Julian Cope bien sûr qui a plus que bien connu le guitariste de Echo and the Bunnymen. Celui-ci faisait partie de la même valeureuse scène liverpuldienne de la fin des années 70 et jusqu'au milieu des années 80.
L'inénarrable druide auto-proclamé fan de krautrock et de musique psyché nous revient avec son 30 ème album (mais il s'agit peut-être de son 35 ème). Tout en évoluant dans un relatif anonymat car en dehors de ses terres galloises et britanniques dans leur ensemble, personne n'a eu l'heur de s'intéresser ni même de consacrer quelques milliers de signes au géant de Deri lors de la sortie de ce disque sur l'inamovible label Head Heritage

Point de krautrock ici mais une nouvelle oeuvre intemporelle sans chichi ; de belles ballades à la guitare parsemées de wah wah et saupoudrées du Mellotron de rigueur,  un chant assuré et serein bien loin des outrances de ses débuts. Julian Cope ne vieillit pas : la plupart de ces 12 titres auraient pu être enregistrées à l'époque bénie de Peggy Suicide, Jehowahkill ou Interpreter ; le grain reste le même. Combien de disques de cette qualité a-t-on pu écouter même en cette année fertile année 2024. Mais à l'image des tournées désormais dévolues à des festivals de bikers outre-Manche (pour faire vite) de ce personnage fantasque, fécond et ultra-créatif,  la  musique de Julian Cope se mérite.
De l'avis de tous les aventureux qui ont risqué une oreille à ce très dépouillé nouvel album, Friar Tuck qui désigne le Frère et dévoué serviteur de Robin des Bois - le précédent album de 2023 s'intitulait Robin Hood - compte déjà parmi les meilleures oeuvres de l'artiste de ces 20 dernières années.
On retrouve l'appétence pour les mots et jeux d'esprits du Druid dans la simple et belle"Too Freud to rock'n'roll too Jung to die" parée de 4 accords et citation de Brain Donor, l'un des actes musicaux des années 2000 de Julian. La vacharde et speedée "You gotta keep your halfwits about you" lui emboîte le pas. Puis  arrive"Four Jehovahs in a Volvo state",  comme du Stereolab accéléré qui ferait des turlutes à Eno. Introduite par une basse accorte car c'est après tout l'instrument premier de Julian "The dogshow must go on" a des faux airs de "Queen-Mother" de l'excellent 20 Mothers (95), et après ! Le toujours féru d'occultisme, d'histoire et de magie fait une pige du côté de Guillaume le Conquérant sur la magnifique ballade "1066 & all that" - il en a usiné comme ça des dizaines - pas moins. Dans cet album d'une petite quarantaine de minutes et au format idoine quand on sait combien l'artiste a parfois pu se montrer prolixe, seule "Me and the Jews" (la judéité, une marotte de l'artiste) atteint et dépasse même les 7 minutes.
Objet de fascination et de répulsion tendant parfois à l'ambiguïté, la religion est une nouvelle fois au centre d'un disque de Julian Cope. Empreint de paganisme; le disque fait la part belle aux obsessions païennes de notre homme. "Done myself a mischief" est une charmante chanson d'auto-apitoiement non dénuée de dérision qui (presque) clôt un disque revigorant et débarrassé de toute exégèse superflue. Les divagations religieuses de Cope ne sont en effet pas toujours à prendre au sérieux.

Julian Cope, plus que jamais to cope with, signe un nouvel album en apparence badin mais qu'on aurait tort de dédaigner maintenant qu'il a été découvert. Une vraie réussite.

En bref ; le retour en forme du Druide qui dans la plus grande discrétion ajoute néanmoins une nouvelle pierre angulaire à une oeuvre déjà plantureuse. On attend maintenant les concerts.

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29 décembre 2024

Les Mercuriales - Les Choses M'Echappent (2024)

La France a toujours prisé un rapprochement entre pop et littéralité. Les exemples les plus évidents et qui viennent à l'esprit sont ceux de Dashiell Hedayat et plus près de nous le brillant exercice de style signé Michel Houellebecq, celui d'avant l'association avec Jean-Louis Aubert s'entend.

Jean-Pierre Montal est un auteur qui a déjà publié plusieurs romans dont le petit dernier La Face Nord fait aussi écho à ce premier album des Mercuriales.
Les Choses M'Echappent démarrent comme du Léo Ferré millésimé 1970, annonçant le talk-over à venir, reminiscent de la gouaille contestataire d'un Diabologum (fameux groupe toulousain indé des 90's) qui aimait dans un mode noisy déverser aphorismes et digressions vachardes mais hilarantes sur la condition humaine. Avec cette fois ci non pas un Dali mais un Lacan habité qui introduit et débite sur la mort lors d'une conférence. La mort est d'ailleurs présente à tous les étages
 ("Qu'il paraît long ce mois de décembre / Depuis que j'ai lu ton nom dans le journal :15 heures, stricte intimité, Cathédrale Saint-Charles"), mais cette fois-ci avec un background musical qui évoquerait davantage les riches heures d'un Kat Onoma, plus jazz feutré menaçant que noisy métaphysique donc.
Jean-Pierre Montal écrit bien, sans chichis et accompagné d'un aréopage de rock critics (le bassiste Thomas E. Florin, le batteur Sam Ramon), d'un saxophone (Stanislas de Miscault), du multi-instrumentiste Fred Collay (guitare, flûte, orgue) va à l'essentiel. Avec comme but avoué de sonner davantage comme Lou Reed et J.J. Cale que comme Robert Plant ou Freddie Mercury (dixit Montal). Qui ne se départit jamais d'un certain humour ("Je pratique le tir", meilleur morceau du disque) :
 "Je pratique le tir dans un monde usé / Je pressens le pire mais sais m'amuser / Je pratique le tir dans un monde usé / En ligne, je tiens en respect".
Dans un disque où les influences cinématographiques abondent, du Feu Follet et Maurice Ronet dans "Les choses m'échappent"   à l'imper mastic et au feutre Melvilliens de "Je pratique le tir" et du superbe texte de "Trilogie" ("En trois actes, bien souvent tout est dit (...) C'est ainsi que ce maudit rythme ternaire palpite derrière chaque vie"). 

Jamais sentencieux , le style à la fois sardonique et détaché de Jean-Pierre Montal rappelle aussi grandement ceux de Philippe Pigeard et de feu son groupe Tanger pour ce qui est de savoir happer et créer une atmosphère dans de fausses apparentes jams, tout au long de morceaux longs et qui allient beauté textuelle et musicalité roborative : on écoute Les Mercuriales autant qu'on s'envape de sa musique. 
S'il fallait une dernière preuve du bon goût de ce groupe "à la française", ce serait cette relecture dépouillée du remarquable "Dying on the vine " de John Cale jadis enregistré par son auteur dans d'affreux gimmicks de production années 80, et présent ici en bonus track dans son plus simple appareil.

Le disque-essai de l'année,  racé et sans prise de tête. Indéniablement.

En bref : nouvelle tentative (réussie) hexagonale d'un crossover littérature / pop music. Textes marquants et une patte sonore qui rappelle bien de nos artistes chéris d'ici

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22 décembre 2024

Georges Delerue - L'important C'est d'Aimer (1975)

Ce disque (un CD) n'existe que par son inclusion dans un très beau coffret US réalisé par Mondo Vision en 2009 regroupant également le DVD de l'oeuvre magistrale de Zulawski. Jusqu'alors, seule une poignée de thèmes du film dont la fameuse "Ballade dérisoire" était sortie sur un album Barclay compilant des oeuvres de Georges Delerue. Voici enfin réunie la vingtaine de minutes précieuses de musique habillant L'Important C'est d'Aimer

 Georges Delerue ? Sans doute l'un des plus discrets représentants de la riche scène de compositeurs de musiques de films à la française. Une carrière exceptionnelle riche de trois cents oeuvres dont les soundtracks mais pas la plus médiatique ni la plus citée. Une propension sans doute à verser davantage dans la composition classique et orchestrée avec moins d'incursions pop que ses congénères - il y en a dont le mythique "The brain" aux côtés de The American Breed pour Le Cerveau (1969 ) - ce qui explique cette moindre médiatisation. S'il fallait associer Delerue à un autre grand nom, l'on songerait volontiers à Philippe Sarde et notamment à son Barocco sortie à la même époque pour la majesté des arrangements de cordes et de dissonances parfois bienvenues à la Bartok.
Ses climats  inquiétants font la part belle à la tension des films de Delerue: qu'il s'agisse par exemple de la fabuleuse fresque Les Deux Anglaises et Le Continent (1971) de Truffaut ou du  méconnu Comme Un Boomerang (1976) avec Alain Delon contenant en sus des breaks jazz, tout Delerue exsude la sentimentalité. Mais pas au sens mièvre où on pourrait l'entendre : il s'agit au contraire d'une sentimentalité à fleur de peau comme sur le dérangé L'important C'est Daimer. Ou l'histoire d'un beau ténébreux journaliste (Fabio Testi) qui s'éprend d'une actrice de cinéma X (fabuleuse Romy Schneider) et qui au gré des tournages, s'immisce dans sa vie privée qu'elle partage avec un oisif désaxé (convaincant et tourmenté Dutronc) ; et essaie au milieu d'une galerie de personnages frappadingues (Claude Dauphin; Gay Mairesse, le terrifiant Klaus Kinski), de la sauver de sa condition et d'un milieu gangrené par le mal ainsi que la mafia qui la fait souffrir. Et ce faisant, la pousse à son corps défendant dans la fange et l'amoralité de personnages tous plus détraqués les uns que les autres.

Dans ce chaos brillamment exécuté, émerge un thème magnifique de cordes avec de beaux violoncelles majestueux et graves, rapidement interrompu par un marimba et un glissando de timbales qui leur font écho. C'est toute la psyché malade des personnages qui fait corps avec la musique de Georges Delerue. Qu'il s'agisse de la mythique scène de rencontre entre le journaliste et l'acteur psychotique (Kinski) et son amant metteur en scène (grimaçant et méconnu,  Guy Mairesse fabuleux) intitulé par chez nous "Ballade dérisoire" qui a dû plus qu'inspirer le générique de Maigret version Crémer écrit par le très estimable Laurent Petitgirard (les deux thèmes sont très proches), des répétitions théâtrales torturées de Richard III avec timbales, orgue et vibraphone inquiets, de la partouze gargantuesque et ses cordes haletantes saccadées et agressives ("Payback"), tout est à l'avenant. Retenons aussi l'intense "Zimmer's fight" où Zimmer "homosexuel de bonne famille" (sic) personnage de Kinski crée la discorde et fait le coup de poing après une désastreuse représentation théâtrale à grand renfort de vibrations de timbales et d'accords de piano frénétiques.

En 1976, l'Académie des Césars sans doute sous le coup de l'émotion avait décerné pour sa première édition le prix de la meilleure musique au Vieux Fusil de François de Roubaix qui bien sûr avait ses qualités émotionnelles. Nul doute que cette année-là, le sésame aurait du revenir à Georges Delerue au même titre que Romy Schneider légitimement lauréate dans sa catégorie. Pour cette partition sublime et déployant des climats équivoques, faisant intensément corps avec l'intrigue et les personnages du film.


En bref : sans doute le grand oeuvre de l'un de nos plus essentiels musiciens et compositeurs de films. Une oeuvre étouffante mais belle et troublante servant d'écrin au chef d'oeuvre d'Andrzej Zulawski.-

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Top Dodb 2024


C'est l'heure du traditionnel top albums Dodb 2024, ou plutôt DES tops albums puisqu'il n'y a quasiment plus rien en commun entre les 4 chroniqueurs (dont 1 actif). Au final 33 artistes à découvrir ou redécouvrir. Qu'on ne nous dise pas qu'il pas qu'il n'y a plus de musique qui sorte. Et bonne année !


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13 décembre 2024

The The - Ensoulment (2024)

C'est l'un des retours inattendus de 2024. Cela faisait tout de même un quart de siècle qu'on n'avait plus trop de nouvelles de Matt Johnson; même si on savait que l'homme à tout faire de The The n'avait jamais cessé de composer ni de produire de la musique, essentiellement de l'illustration et des musiques de films, souvent sous format numérique et sous le manteau. Or, pour ce qui est de la pertinence du comeback, l'on n'avait pas entendu pareille réussite que celui de My Bloody Valentine dans les années 2010.

Chacun a son The The, celui électronique et post punk des débuts de  Soul Mining (1983) et Infected (1986), celui plus torturé du culte Mind Bomb (1992) ou de l'acclamé Dusk (1993), ces deux derniers qui bénéficiaient en sus de la guitare princière de Johnny Marr, excusez du peu. Nul doute que Ensoulment  soit amené à occuper une place de choix pour les aficionados de ce "groupe" à nul autre pareil.
Résumons l'affaire : c'est un Matt Johnson qui achève à fleur de peau la tournée de Mimd Bomb quand il apprend la mort de son jeune frère Eugène, qui le chavire. Le groupe n'explose pas encore et Matt lui rend d'ailleurs un fort bel hommage avec "Love is stronger than death" sur le très roots et solaire Dusk, ultime moment de grâce médiatique.
Puis les déveines s'enchaînent, la mort rode ; la maman de Matt Johnson ne survit pas au drame familial et s'ensuit un premier hiatus jusqu'à NakedSelf -entre temps sera sorti le remarquable album hommage à Hank Williams Hanky Panky en 1995. NakedSelf construit et écrit en partie avec des épées comme Eric Schermerhorn (guitare) qui a joué avec Bowie et Iggy, engendre une certaine confusion. Quelque peu boudé par la critique l'album pourtant excellent ne résiste pas à la cohabitation tapageuse entre le guitariste et le bassiste Spencer Campbell qui erratique tape sur tout ce qui bouge dès qu'il est contrarié. Epuisé et vidé, en proie aux affres de la paternité, Matt se retire de son  célèbre avatar sur la scène musicale, voyage, écrit et diffuse de la musique essentiellement instrumentale, le parolier roué qu'il est se sentant vidé de toute substance.
La mort, celle du frère aîné responsable de toutes les pochettes du groupe sème les graines d'un retour créatif, celui d'allier à nouveau texte et musique en 2016 ; cela donne "We can't stop what's coming'", nouvelle merveille de single. Des dates sont prévues mais s'ensuit ....la pandémie. Ainsi qu'une intervention sur les cordes vocales du chanteur en toute urgence.

Matt Johnson a donc toujours su tirer de ses blessures matière à chansons formidables. Il remet ainsi le couvert sur ce qui n'est que son 7ème album sous l'entité The The mais qui est un déferlement de refrains, de transitions, de mélodies et de textes tous plus magnifiques les uns que les autres. Certains estampilleront l'oeuvre comme du classic-rock;  à la papa, pas tout à fait folk et même plutôt pop à l'ancienne. C'est un disque très organique et qui grâce soit rendue aux ingénieurs du son, sonne incroyablement ; il est rare que l'on souligne cet aspect mais c'est un fait : Ensoulment (l'âme en anglais, même si l'assonance ensoleillement vient à l'esprit), est un disque lumineux, apaisé et qui même en proie au deuil, ne donne jamais dans le pathos : superbe "Where do we go when we die?", hommage au père décédé à la veille du retour live de The The au Royal Albert Hall. 
Ensoulment n'est pas dénué d'humour ni de distance,  s'offre même encore et toujours des piques bienvenues envers la politique états-unienne et plus généralement des lobbies politiques de ce monde ("Kissing the ring of POTUS", "Cognitive dissident"). Il moque l'art de la séduction virtuelle ("Zen and the art of dating"). Si Matt pleure un âge d'or sur le magnifique single "Some days I drink my coffee by the grave of William Blake", il manie aussi l'auto-dérision (le misérabilisme de son séjour hospitalier sur la pantelante "Linoleum smooth to the stockinged foot"

L'osmose d'un groupe resserré autour notamment du guitariste Barrie Cadogan  (de Little Barrie, anciens chouchous de la scène UK) et rehaussé des choeurs de Gillian Glover (fille du bassiste de Deep Purple) transpire à travers ce qui est le disque marquant de cet automne.
Désormais, la grande question sera d'établir laquelle de toutes les chansons sur la mort qu'a écrites Matt Johnson est la plus belle, la plus remuante : la réponse à "PhantomWalls", vibrant hommage maternel de NakedSelf pourrait bien se trouver sous les arpèges majestueux de "Where do we go when we die".

En bref : le retour en grâce de l'un des derniers grands songwriters anglais. Un splendide recueil de chansons pop boisées comptant d'ores et déjà parmi ce que Matt Johnson a fait de mieux.

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07 décembre 2024

Daisy Rickman - Howl (2024)

Celle-là, on ne l'a pas vu venir. Un peu comme son compatriote Jim en 2023, Daisy Rickman a publié au cours du printemps un album enchanteur. Qui est cette jeune femme sévissant dans l'anonymat le plus total et publiant à compte d'auteur son deuxième album après un coup d'essai intitulé Donsya A,n Loryow ("Dance to the moons" NDA) et passé complètement sous les radars ?
Une multi-artiste que l'on peut dépeindre comme pastorale, hippie autodidacte, peignant ses propres pochettes et versée dans l'ésotérisme le plus radical. Qui affole déjà la hype et ses compteurs ; ses deux disques déjà réédités après des tirages confidentiels à 300 exemplaires, s'échangeant à prix d'or sur le Net.

Daisy Rickman vient de Mousehole dans les Cornouailles, vit encore chez ses parents et après des débuts que l'on devine communautaires au sein des folkeux Broadside Hacks (?), décide d'embrasser seule une carrière solo, placée sous le signe de l'isolement post-pandémique et des éléments dont son plus emblématique : le Soleil. Qui ici n'a rien d'une étoile noire en fin de vie puisqu'il irradie sur pas moins de la moitié des titres qui l'invoquent - "howl" en cornouaillais dans le texte désigne en effet le soleil. Nous nous trouvons ici face à un album qui au-delà de l'oecuménique scène folk de la terre de Daisy Rickman, n'est pas sans évoquer les obsessions culturelles et mythologiques d'une PJ Harvey dédiant un album entier (I Inside The Old Year Dying en 2023) aux  cultures du Dorset dans leur dialecte local. A écouter en lisant Signé Olrik, la concomitante aventure de Blake &Mortimer donc.
Eprise de folk anglaise historique, il ne fut pas étonnant de voir Daisy Rickman frayer aux côtés du mythique guitariste de Suede Bernard Butler, pour un tribute à la gloire de Bert Jansch. Comment en effet ne pas imaginer la jeune femme toute de robes immaculées et de toges vêtue ne pas vouer un culte à la riche scène du début des années 70, celle des essentiels Fairport Convention , Steeleye Span, Pentangle ou autres Curved Air.
Toutes les chansons de Howl sont comme des mantras ; "Howl" le morceau-titre consistant par exemple en une boucle de sitar : guitares en bourdons accordées très bas - la figure tutélaire de Nick Drake est évidemment également omniprésente ("Bleujen an howl", "Omlesa", "Howlsedhesow") - on pense à Nico un peu ("Falling through the rising sun", à Karen Dalton, à Vashti Bunyan (sans le côté bêlant) ; mais à la vérité le timbre grave de Daisy et son style s'apparentent davantage à ceux de Sibylle Baier, géniale chanteuse culte d'ascendance allemande découverte à l'orée des années 2000.
Oeuvre sans label, Howl  donne à entendre de la guitare 12 cordes, du sitar, du violon, de l'accordéon, de la contrebasse, du banjo, du bouzouki, de la clarinette, du violoncelle, des synthés et même de la batterie sur un titre (l'hypnotique "Winter solstice") ; tous ces instruments sont exécutées par un elfe des Cornouailles.

En véritable concurrente de Sun Ra sur son thème de prédilection, Daisy Rickman réentrouvre l'âge d'or d'une pop introvertie qui telle celle émanant du celtique John Martyn ou de son frère d'armes Nick Drake, n'en oublie non plus pas d'être lumineuse.
L'auto-production à son zénith pour une artiste qui se mérite et est d'ores et déjà appelée à devenir culte.

En bref  : on ne fera pas plus astral ou plus folk dans son recueillement que le Howl de Daisy Rickman en 2024. Tendrement recommandé à la communauté elfique de Lord Of The Rings. Et pas seulement.



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