29 janvier 2010

Titiyo - Hidden (2010)

Après un flop, pas évident de remonter la pente. Surtout quand on est la demi-sœur de Neneh et Eagle Eye Cherry. Forcément attendue au tournant. Sauvée par Hidden, déjà sorti en Suède, son pays natal, la brunette Titiyo, réussi à redorer son blason. Portée sur le devant de la scène en 2001 avec le tube "Come Along", son album de 2004 l’avait enfermée dans un placard. Après avoir hésité à tout lâcher, elle prend la sage décision de tout reprendre à zéro, s'achète un home studio et c’est bingo ! Elle se détache de son image de reine de la soul pour se montrer dans une pop plus intime et moins bling-bling, voyageant aussi dans le trip-hop et la musique d’ambiance. Une maturité à la quarantaine passée. L’opus de la renaissance sort en France le 23 février prochain.

Elle nous réveille par "Awakening". Un premier titre énergique introduit par une montée de samples électroniques aux allures pop et dance, synthés à bloc et enveloppant. La voix est douce. Les cordes clôturent ce crescendo en puissance.

Titiyo a su aussi bien s’entourer. Elle signe un duo avec Moto Boy, chanteur suédois au vent en poupe et qui ne quitte jamais son rouge à lèvres, "If only your bed could cry", qui ne tombe pas dans la pathétique chansonnette d’amour. Sous une ligne trip-hop, les deux voix sont bien dosées entre douleur et douceur…

"Drunken Gnome", avec le trompettiste Goran Kajfes, connu pour ses créations électro-jazz, nous transporte dans un univers nocturne, mystérieux, dans lequel la voix de Titiyo vient courir au milieu du morceau. La rythmique de guitare et les percussions envoûtantes sont colorés par de lointaines cordes. Avec en toute finesse finale, des gongs et des effets d’eau bouillonnante surprenants.

Elle reprend "Longing for Lullabies" du groupe Kleerup dans une version beaucoup plus douce, sans son côté dance original.

Il y a aussi le côté saturé, répétitif puis planant de "N.Y.". En constance, dans la variété des morceaux, on retrouve la voix apaisante de la suédoise. Une tristesse qui prend corps. Et une coupure claire et nette avec ses débuts. Tityo prend le large et offre un album aérien.

En bref : rien à voir avec le côté bling-bling du sommet de sa carrière, Titiyo a donné de sa personne et pris le temps de réaliser ce disque assez mélancolique. Neuf titres, c’est un peu court mais ça vaut le détour en prenant le temps - comme la chanteuse l’a fait - de l’écouter à plusieurs reprises.





Le myspace et le site




Lire la suite

27 janvier 2010

Tom Caruana - Wu-Tang Vs The Beatles, Enter The Magical Mystery Chambers (2010)

Cela fait quelques jours qu’un disque tombé du camion affole le web, à juste titre. Tom Caruana, un producteur britannique aux influences multiples s’est mis en tête de faire copuler le meilleur du hip-hop avec le meilleur de la pop. Si ça vous rappelle quelque chose, c’est normal, Danger Mouse s’était déjà essayé à l’exercice en mixant le White Album des Fab Four avec le Black Album de Jay-Z pour livrer en 2004 un Grey Album alors interdit par EMI, et oui, on ne touche pas aux Beatles comme ça. Un peu plus tard, en 2007, le Wu-Tang s’associait à Dhani Harrisson (fils d’on sait qui) pour transformer "While my guitar gently sweeps" en "The heart gently sweeps". Ca n’était pas tombé dans l’oreille d’un sourd.

Nous sommes en 2010 et le trop peu connu Tom Caruana aussi rappeur et multi instrumentaliste blanc-bec s’empare d’A Capellas du Wu-Tang (toutes époques confondues, en groupe ou en solo), récupère des samples Liverpooliens et mélange le tout pour former pas moins de 27 tueries hip hop qu’il balance gratuitement sur le web via son label Tea Sea Records. En quelques jours le bébé est téléchargé à plusieurs dizaines de milliers d’exemplaires, et tout le monde s’accorde à dire que le résultat est impeccable, au-delà de toute espérance. Maintenant on se le demande tous, à quand le vinyle ?, surtout que l’artwork créé par Logan Walters collaborateur de longue date du Clan) n’est pas pour nous déplaire.

27 titres donc (dont un intro et un outro évidemment) pour une grosse heure de pur feeling hip-hop East Coast, emmenée par une dynamique Beatles dans un premier temps difficile à cerner. Le dos de la pochette en ce sens est là pour nous préciser qui chante, et quels morceaux ont été samplés. Le tout fonctionne de manière admirable. On retrouve la recette du collectif (flows rageurs, beats minimalistes, dialogues de films de Kung-Fu) autour de gimmicks Beatles qui font aujourd’hui parti de la conscience collective ("Yesterday"," Live and let die", "I am the Walrus", "Come together"). Et comme toujours avec le Wu-Tang, il y a cette classe, ce groove, cette soul même, qui rallie à coup sûr fans de hip-hop ou non. L’album qui s’écoute d’une traite sans baisser en tension contient quand même quelques sommets : "Cream" par Raewkon et Inspectah Deck sur un sample de "And I love her", "Criminology" par Ghostface Killah et Raewkon sur "Yesterday", ou encore le très bon "Uh Huh" par Method Man sur "You know my name". Mais ce serait oublier "R.E.C Room"," Run", "Uzi (Pinky Ring)", et surtout, classe ultime, ce "Save me dear" plein de soul par Ghostface Killah. Même U-God sur son "Bizarre" ne fait pas mieux. Je m’arrête là sinon je vais tous vous les faire. Qui a dit qu’on tenait là le meilleur album du Wu-Tang jamais créé ?

En bref : énorme partouze musicale entre pop et hip hop qui ne peut que créer le consensus tant sa qualité est proche de la perfection. 1h de flow, de beat, de gimmicks qui vont faire aimer le hip hop aux plus réfractaires.





L’album à télécharger ici
Lire l'interview de Tom Caruana par Dodb

Des infos sur Tom Caruana

Petite sélection personnelle : "Save me dear", "Criminology" et "Uh huh"









Lire la suite

26 janvier 2010

Four Tet - There is Love in You (2010)

Kieran Hebden n’avait plus repris la tête de son projet solo Four Tet depuis la sortie de son précédent album Everything Extatic. Cinq années de silence à peines entrecoupées par la sortie en 2008 d’un EP, Ringer qui annonçait un virage plus marqué vers la house, et d’une collaboration à l’odeur de buzz en 2009 avec Burial, pour un deux titre en demi-teinte. On connaissait le goût du musicien anglais pour ses compositions jusqu’au-boutistes, à mêler l’expérimental avec le jazz, le folk ou encore le hip-hop. Cinquième véritable album en dix ans de carrière, There is Love in You balance entre prés folktronica et plages micro-house.

Dès le morceau d’ouverture, "Angel Echoes", on sent que l’écoute sera un peu spéciale, avec ses voix féminines qui répètent en boucle le titre de l’album sur un fond instrumental de plus en plus enchevêtré. Le genre de musique à provoquer des visions, du genre mirage sur le dance-floor. Le premier single, "Love Cry", qui ressasse pendant plus de 9 minutes le même motif vocal sur un beat lourd et ombrageux, en est l’exemple. Entre les références au rock progressif allemand, et à une techno minimaliste et répétitive, "Circling" semble épouser la forme d’un ruban de Möbius, cette bande qui ne comporte qu’une seule face, au lieu des deux habituelles.

Cette nouvelle production serait, semble-t-il, plus optimiste. Les triturations électroniques ont été remplacées par un véritable travail d’orfèvrerie sur les mélodies. Elles sont toujours aussi minimalistes et fragiles, ne tenant qu’à un fil, mais se déroulent si bien, que leur développement en paraît presque naturel. Une caractéristique que l’on retrouve d’ailleurs sur "The Unfolds", dont le maillage serait à même de capter les réverbérations de quelques rayons lumineux. Sans pour autant se détourner des registres de l’expérimental et de la folktronica, "She Just Likes to Fight" et ses arpèges de guitares éthérées conclut un superbe mais un peu court effort – de 9 nouveaux titres.

En Bref : Kieran Hebden effectue un pas de plus sur le sol de l’enregistrement introspectif. De quoi faire hérisser le poil de certains auditeurs.

Lire la suite

Film Noir + Sweet Apple Pie + Modern Folks + Cocktail Bananas le vendredi 29 janvier à l’Espace Tatry de Bordeaux


Si vous ne le savez pas encore Babylone Promotion organise sa première soirée concert placée sous le signe de la pop française en anglais à Bordeaux. Au programme et dès 20h vous pourrez assister aux représentations de Cocktail Bananas, groupe local à géométrie variable jamais à cours d’idées. Les Grenoblois de Modern Folks se chargeront de faire monter la pression avec leur rock légèrement psychédélique, puis les Toulousains de Sweet Apple Pie dérouleront leurs tubes power pop largement rodés. Enfin, les Parisiens de Film Noir clôtureront la soirée en beauté en interprétant des titres de leur dernier album remarqué I Had A Very Happy Childhood. Une soirée qui pourrait en annoncer d’autres. Evidemment à ne surtout pas manquer !

Tout ça se passe à l’Espace Tatry (Tram C arrêt les Aubiers), de 20h à minuit, 8€ en prévente et 10€ sur place.

Les Myspace de Cocktail Bananas, Modern Folks, Sweet Apple Pie et Film Noir
L’événement Facebook de la soirée et le blog du designer de l’affiche

Réserver sa place sur Fnac.com

"It’s goodbye" par Film Noir, et Sweet Apple Pie en live au Bikini :




Lire la suite

22 janvier 2010

Serge Gainsbourg - Histoire de Melody Nelson (1971)

En ces temps de vrai-faux biopic ginzburgien, faussement original et véritablement chiant, une impérieuse nécessité s'impose : parler de l'essentiel, autrement dit de la musique. Contre Saint Sfar, il faut ressuciter l'ire proustienne, et défendre que la vérité d'un artiste gît en son oeuvre, et non dans le nombre de filles qu'il a sautées, ni dans les mille et une anecdotes de son trou du cul (j'y inclus aussi les complexes freudiens à trois balles du petit juif et du peintre raté). Alors, allons-y franchement, ce sera Histoire de Melody Nelson, histoire d'emmerder aussi les amateurs de compil' promotionnelles pour entreprise de surgelés. Poésie et profondeur du texte, complexité des arrangements, la chose serait suffisamment consistante pour nous tenir en haleine sur la longueur, sur le mode savant dissertatif à la Pitchfork, avec même une bonne dose d'analyse musicologique. D'autres babyloniens pourront s'en charger, une modeste évocation, paresseuse mais énamourée, me convient mieux...

Album concept idéal-typique (pas comme Sgt Pepper's), l'histoire en question est celle des amours scandaleuses et symphonico-pop-rock entre un narrateur adulte et une jeune adolescente, "adorable garçonne", "quatorze automnes et quinze étés". Sous influence nabokovienne, Gainsbourg est fasciné par les sexualités minoritaires, et attaque frontalement notre morale sexuelle prétendûment libérée; aujourd'hui encore la loi punit de cinq ans d'emprisonnement et de 75000 euros d'amende toute personne ayant "favorisé ou tenté de favoriser la corruption d'un mineur" (article 227-22 du code pénal). Alors qu'en Grèce antique, il était un devoir d'éduquer les adolescents en la matière, l'Europe post-68 n'en finit pas de régler un vieux contentieux avec le sexe... Gainsbarre est donc "under arrest", sauf qu'on est trés loin du pathétique et glauque dernier album du même nom, dans lequel se rejouera le même scénar', mais de manière nettement dégradée (Samantha à la place de Melody, le génital à la place du cosmique...).

La forme sera sublime, donc, tirant le récit du côté de la tragédie ("ses jours étaient comptés"), et la musique du côté de l'écriture savante. Une rencontre irréelle, placée sous le signe du hasard, qui commence et se termine par un accident ; un amour hautement improbable, que le destin a bien voulu laisser advenir quelques instants, à la faveur d'un choc inaugural, mais qu'il engloutira dans un crash d'avion. Faut pas rêver...Le sentiment tragique du fugace parcourt l'album, exacerbé dans la superbe Valse de Melody : " le bonheur est rare et le soleil aussi". Pourtant il y a une épaisseur temporelle incroyable, et de quoi rattraper une vie ratée : rencontre, premiers émois, jalousie, rendez-vous secrets, baise et crash.

Côté musique c'est la grande classe, les synthés cheap dégueux 80's n'ont pas encore débarqué. Trio rock aux lignes claires : basse claquante, batterie, guitare, et commentaires symphoniques arrangés par Jean Claude Vannier. Beck ne s'en remettra pas. Groove certain, phrasé aphone gainsbarrien, mixé trés en avant, saillies de violons, les ambiances clair-obscur sont saisissantes, comme dans le morceau d'ouverture, où la Silver Ghost 1910 fend la nuit avant de renverser l'adolescente, ou comme dans l'Hôtel particulier, lieu mystérieux et interlope magistralement évoqué par la section rythmique. Le final est grandiose, avec ses choeurs enflammés, dignes d'un Requiem romantique. À défaut d'un enterrement chrétien, la musique rend un dernier hommage à ces "amours dérisoires". Le corps disloqué de Melody ne reposera jamais en paix, la morale est sauve.

En bref : L'album-concept ultime, condensé de poésie subversive, de noirceur tragique et d'évocation musicale. Le soleil est rare et les chefs d'œuvre aussi.




Pour les fétichistes (avec un gros compte en banque).

Un Hôtel trés particulier :






Lire la suite

19 janvier 2010

Jay Reatard - Watch Me Fall (2009)

Cette chronique a traîné longtemps sur mon bureau, et puis forcément elle a pris un tour différent ces jours-ci. Comme vous le savez Jay a été retrouvé mort dans son lit le 13 janvier dernier au jeune âge de 29 ans pour des raisons encore inexpliquées si ce n’est quelques symptômes grippaux quelques jours auparavant. Pour beaucoup cela a été un choc. Parce que ceux qui le connaissaient voyaient en lui un énorme potentiel qui était loin d’avoir tout dit. Avec déjà presque quinze ans de carrière (!), plus d’une soixantaine de disques (!!) avec neuf formations différentes (!!!), Jimmy Lee Lindsay Jr était pour le moins prolifique. Qualifié de "machine à chansons" par certains, c’était surtout effarant de constater à quel point son adage "1 tube par titre" fonctionnait, dans un registre particulier, le garage rock. Voir à quel point il arrivait à sortir une mélodie reconnaissable d’une bouillie d’électricité a toujours été une expérience particulière. Un gars qui aimait la musique et qui sur scène se transformait en bête féroce et indomptable, sur des titres excédant rarement les trois minutes chrono. Je l’ai vu au printemps dernier à Barcelone et n’ai pas été déçu.

En ce qui concerne cet album, sorti l’an passé, le recul lui donne évidemment d’autres significations, à tous les étages. Le titre déjà : Watch me fall. Le titre du précédent album : Blood Visions. La pochette ensuite : un hommage évident au Nicholson de Shining, de bon goût ou non, mais déjà sur Blood Visions Jay créait la controverse en apparaissant largement ensanglanté. Et enfin, les titres des chansons : "It ain’t gonna save me", "Before I was caught", "Can’t do it anymore", "There is no sun". Un raccourci facile tendrait du coup vers la thèse du suicide, mais à priori il n’en est rien vu comme les gens qui disent l’avoir rencontré le trouvaient plein de vie. Et l’on ne peut alors y voir que des signes prophétiques malheureux. Toujours est-il que ce deuxième album solo (seulement) était le premier chez Matador si l’on excepte les indispensables sessions Matador Singles 07 et 08. Bien que salué par la critique, il a vu lui aussi naître une polémique entre ceux qui lui reprochaient son virage bien trop pop, et ceux qui pouvaient ainsi le découvrir, sous bien moins de couches de magma sonore que d’habitude. En découle un disque accessible, aux belles mélodies arrangées. Sensible quoi.


12 titres, 32 minutes, la recette n’a pourtant pas changé. Mais d’entrée dans ce "It ain’t gonna save me" d’anthologie, on sent que ça pourrait presque passer en radio (dans un monde parfait). Un hymne, tout simplement, qui file à 100 à l’heure et que rien ne peut arrêter. L’amour du punk et de la mélodie en 2’22". On pense aux Pixies, aux Lemonheads, à Supergrass ou à Guided By Voices. Pareil pour "Before I was caught". Encore une fois le rythme ne s’arrête pas et le talent de songwritter de Jimmy s’exprime à plein régime, dans un format pourtant ric-rac, presque grunge. "Can’t do it anymore" est du même acabit. Tous en avant, c’est le point d’orgue. Mon chouchou, va savoir pourquoi, est "Nothing now". Un titre peu cité par nos confrères, mais qui développe en moi quelque chose de particulier. Cette montée, cette tension, les guitares à l’affût, la voix tantôt crépusculaire, tantôt en falsetto. Tout comme sur "Wounded" qui démontre la diversité stylistique du garçon (pourtant souvent critiquée) qui pioche carrément dans la pop Néo-Zélandaise. Enfin, "There is no sun", placé en bout et peut-être son sommet personnel de frustration, comme un ultime au revoir à ses idoles, les Kinks.

En bref : pas le plus grand disque du siècle, juste 12 mélodies derrière 12 morceaux rock, mais une joie de composer la musique bien palpable, pour un enfant parti trop tôt, qui aurait pu faire tant.





Le Myspace avec l’album intégral en écoute

A lire aussi : Jay Reatard - Matador Singles'08 (2008)

Le clip de "I ain’t gonna save me" un peu long à démarrer et "Night of broken glass", pas sur cet album mais que j’écoute en boucle en ce moment :







Lire la suite

Wilco - Yankee Hotel Foxtrot (2002)

A défaut d’être excité (pour le moment) par 2010, replongeons-nous dans les classiques, ici l’un des tous meilleurs des années 2000, et probable sommet d’un groupe que tout le monde (re)connait vite fait, mais qui finalement est assez difficile à cerner. On le dit dur d’accès ce quatrième album, alors que pas vraiment. Certes on entend quelques bruits parasites anti FM par-ci par-là, mais globalement il n’est pas plus ardu qu’un Radiohead par exemple. Tout comme le combo d’Abingdon, Wilco cultive l’art de l’expérimental accessible. Car finalement ce que l’on ressort de ce disque maudit (vous verrez pourquoi), ce sont ses émotions, son ambiance et sa beauté. Un disque comparé à Sister Lovers (Big Star), Automatic For The People (REM) ou encore OK Computer, du genre à faire se pâmer Rolling Stone, Uncut ou encore Pitchfork (l’un de leurs rares 10.0 jamais décerné).

Tout d’abord l’équipe. Jeff Tweedy bien-sûr, mais aussi et pour la dernière fois le regretté Jay Bennett à la guitare, John Stirratt à la basse et le multi instrumentaliste Ken Koomer remplacé par Glenn Kotche. Jim O’Rourke s’empare alors du mixage et les problèmes vont commencer. Reprise, qui devait sortir le disque, ne trouve plus assez de potentiel commercial à l’album (streamé avant sa sortie à plusieurs millions d’exemplaire, vendu à 500.000 aux USA, s’cusez du peu !) et c’est finalement Nonesuch Records qui s’y colle. Trois ans de galère durant lesquelles Tweedy et ses amis ont du racheter eux-mêmes leurs bandes pour pouvoir les réutiliser, une sortie prévue au 11 Septembre 2001 (z’avez remarqué les deux tours sur la pochette ? Ca craint…). Bref, ça s’annonçait mal et pourtant…

Qu’était donc devenu le son du très cool Summer Teeth (1999) ? Et bien c’est toujours aussi cool, avec des morceaux enjoués qui naviguent aux côtés de Pavement ou Beck, tels "Kamera" ou "War on war". En majorité acoustique (mené par le piano ou la guitare), le nouveau Wilco continue de recycler son Americana en pop, en y mettant beaucoup de mélancolie ("Jesus etc") ou d’ampleur avec cordes et claviers ("I am trying to break your heart" ou quand Wilco veut faire son propre "A day in the life"). A vrai dire sur les onze nouveaux titres du combo de Chicago rien n’est à jeter on s’en serait douté. Je tiens à remercier "Heavy metal drummer" et son intro à la Pavement, ou encore "I am the Man who loves you" et son style Beck. Et puis il y a les chansons malaise, comme le surprenant "Radio cure", véritable performance vocale à la Thom Yorke, ou encore "Poor Places", titre déchirant de pop à peine psychédélique. Si c’est tout ? Non, une dernière pour la route, "Poor kettle black", so 90’s, on dirait "1979" des Smashing Pumpkins. La boucle est bouclée.

En bref : immense de bout en bout sans en faire des caisses, Yankee Hotel Foxtrot est de ces disques qui semblent évidents, comme destinés à exister. Indispensable.





A lire aussi : Jay Bennett - Whatever Happened I Apologize (2008)

Le site officiel et le Myspace

Superbe live de "I am the Man who loves you" et clip décontracté de "Heavy metal drummer" :




Lire la suite

17 janvier 2010

Eric Truffaz/ Sly Johnson - The Fly, concert à Annecy le 16/01/2010


Depuis le triple album Rendez vous, Eric Truffaz promène sa trompette un peu partout, en compagnie de Philippe Garcia à la batterie, et de Sly Johnson, ex beatbox et vocaliste du Saïan Supa Crew. Ils n'avaient pas joué ensemble depuis Novembre ; "à chaque fois qu'on se retrouve après un certain laps de temps, la rencontre est toujours animée d'un feu... certain", dira Éric Truffaz. Un feu d'artifice en fait, où sont rentrés librement en fusion Jazz, Hip Hop, Soul, Dub, Ambient et Électro.

La fusion est devenue le signe distinctif d'un artiste qui refuse de s'enfermer dans la forme groupe, pour lui préférer la géométrie variable des collaborations multiples, les aventures de l'hybridation, y compris pour un même album. C'était le cas pour Rendez vous : trois disques, trois villes (Paris, Benares, Mexico), et trois collaborations. Fabien nous avait rendu compte, l'année dernière, du volet mexicain électrojazz (Feat. Murcof). Mais c'est le volet parisien qui est joué et revisité sur scène, avec Sly Johnson.

Sly Johnson c'est l'homme-orchestre, ou plutôt devenu orchestre, un Rémy Bricka Hip Hop soulfull, qui aurait largué sa minerve et tout son bordel de tétraplégique. Human bass, human beatbox, human turntable, roi des claquements de langue, des coups de glotte, du doo-wap old school, du phrasé hip hop, il est capable des vocalises soul les plus subtiles. Pour sûr il impressionne, mais sait aussi se mettre au service des autres, pour assurer simplement une boucle de basse. Taillé comme un Mike Tyson, il est le partenaire idéal du filiforme Éric.

Le concert s'ouvre sur un hommage délicat au Rock bottom de Robert Wyatt, qui ne rechignait pas lui même au bruitage vocal, comme le prouve le final du premier morceau du même album. Puis c'est le groove endiablé de "The Fly", avec son intermède scratch, qui fait son effet et réveille le sage public annecien; puis aller-retour pour "Addis Abeba", son dub possédé, sa basse profonde, sa batterie explosive et réverbérée. L'usage du jam-mam est le procédé central du concert : Sly en use pour construire ses rythmiques, mais Truffaz également, qui enregistre une boucle de trompette, pour y jouer, par dessus, une mélodie à la trompette bouchée. On a l'impression d'assister, à chaque fois, à une genèse. Les joutes rythmiques Sly/Garcia sont autant d'intermèdes ludiques épatants (irrésistible, même pour ceux, comme moi, qui ont tendance à s'emmerder pendant les interminables solo de batterie bebop).

Le concert se termine par un formidable morceau ambient, en plein cœur d'une impénétrable forêt primaire, pulsée par les basses de Sly, bercée par la trompette feutrée de Truffaz et la musique concrète de Garcia, aux commandes d'un sampler. Le rappel est copieux, où Sly chante enfin, et fait montre d'une tessiture ample qui va râcler les graves, et réveiller les mânes d'Amstrong. Le show man qui dormait en lui se réveille ; il amuse le public, cabotine, et termine par une présentation de ses frères blancs ("from an another mother" bien sûr) à mourir de rire. La petite histoire raconte que la rencontre Truffaz/Sly a bien failli ne jamais avoir lieu. Il n' y a pas de rencontre improbable en musique, il suffit d'avoir du talent.

A lire aussi : Éric Truffaz et Murcof- Mexico (2009)

Lire la suite

12 janvier 2010

We Were Promised Jetpacks - These Four Walls

Parfois il suffit d’une écoute pour accrocher ou non. Certaines musiques demandent du temps pour être appréciées, d’autres non. We Were Promised Jetpacks (ils n’auraient pas pu trouver un nom plus simple ?) fait clairement partie de la catégorie des groupes immédiats. Mon auditoire quotidien de test ne vous dira pas le contraire, si vous passez WWPJ en soirée, il ne faudra pas attendre longtemps pour obtenir des "C’est quoi ça ?" de la part de vos amis. Alors je vous en parle. A la manière des Harlem Shakes, ces quatre jeunes écossais font dans la pop mélodique qui file la pêche, mais n’hésitent pas à inviter quelques montées progressives dans le lot, histoire de se faire plaisir. C’est donc de Glasgow que nous arrive ce premier album brut de décoffrage, sans fioritures de studio, à peine Peter Katis et Ken Thomas (quand même) ont-ils apporté un peu de mixage. Et l’album, qu’on se le dise, ne baisse quasiment jamais en tension pendant 50 minutes.

Par où commencer ? "Roll up your sleeves" peut-être. Le morceau le plus proche de ce qui se fait en postpunk de nos jours. Adam Thompson y excelle en vocalises habités, rehaussées d’un bel accent écossais. Les guitares et autres rythmiques métronomiques font le reste. Sans synthé aucun, les voisins de Franz Ferdinand se contentent d’une urgence pop à la Wolf Parade, et la rendent accessible au commun des mortels. Plus loin, les arpèges de "This is my house, this is my home" ne sont qu’apparence avant l’explosion dantesque à 2’30". Tout comme "Conductor" d’ailleurs. Après ça n’arrête plus. "Quiet little voices" envoie le pâté, et devient un véritable hymne pop rock à 1’30" dans une implosion de vitalité mélodieuse. Pareil derrière avec "Mooving clocks run slow". Même répétitif et peu ambitieux, le morceaux entraîne et prend par la main de manière inévitable. Et puis encore une fois ça décolle et on ne l’arrête plus. On dirait la guitare de Nada Surf dans ses meilleurs moments passés.

Je vous en parlais, sur "Keeping Warm" les WWPJ prennent leur temps sur 8 minutes planantes et progressives qui annoncent "An almighty thud", pain de délicatesse et de beauté, on ne s’attendait pas à ça. Avec The Twilight Sad, Frightened Rabbit et maintenant We Were Promised Jetpacks, la pop ecossaise a un avenir tout tracé.

En bref : les WWPJ font en Ecosse ce que font les Harlem Shakes à Brooklyn, c’est-à-dire jouer de la guitare et chanter convaincus, sans jamais s’arrêter, sur des hymnes pop évidents et directs.




A lire aussi : Harlem Shakes - Technicolor Health (2009)

Le Myspace

"Quiet little voices" et "Mooving clocks run slow" :




Lire la suite

11 janvier 2010

Elf Power - The Winter Is Coming (2000)

Pour reprendre les mots d’Emmanuel, une décennie commence et une autre se termine. Dix ans plus tôt, et juste avant la déferlante new rock à la Strokes qui a tout renversé sur son passage, l’un des ultimes disques labellisés Elephant 6 s’appliquait à perpétuer un rock néopsychédélique typiquement Américain pour le coup. L’occasion aussi de rappeler au poste l’un de ces indécrotables producteurs, Dave Friedmann, qui avait déjà relifté à grands bien A dream In Sound, l’album d’avant (1999). Neuf mois d’enregistrement en home studio, et au final treize titres dans la plus pure tradition pop lo-fi mélodique. On y trouve du Grandaddy, du Daniel Johnston, du Mercury Rev et du Delgados, mais aussi et surtout ce souffle si particulier cher au collectif d’Athens. Plus sombre et plus ambitieux, ce quatrième album est tout simplement perfect.

Facilement on décèle le concept, les titres sont répartis en trois grosses catégories : les droguées (genre "Wings of light" où l’on croirait entre rejouer l’"Heroin" par Georges Harrison au lieu de John Cale, mais aussi les excellents "Birds in the backyard" et "Embrass the Crimson tide". Les entraînantes (avec les deux coups d’éclat "The winter is coming" et "The naughty villain") et enfin les plus tristes ("100.000 Telescopes" et le génial "The sun is forever"). On est quelque part entre les Beach Boys, évidemment, et les Guided By Voices et autres Apples In Stereo, soit quand même le top du top en matière de pop. Ajoutez en invités sur le disque Jeff Mangum et Scott Spillanne de Neutral Milk Hotel, mais aussi Will Cullen Hart (d’Olivia Tremor Control) et Heather Mc Intosh, l’équipe est au complet fonctionne comme sur des roulettes. On a l’impression d’assister à l’un de ces rares moments de la vie où tout passe tout seul, sans forcer.

Andrew Rieger (voix) et Laura Carter sont les deux fondateurs originaux d’Elf Power. Et nul doute qu’ils doivent être sacrément en deuil ces derniers jours, eux qui avaient allié à leurs côtés Vic Chesnutt sur deux albums d’ailleurs somptueux, en 2004 et 2008. Ce dernier a même réalisé un film sur leur tournée américaine assez intéressant disponible sur Youtube. Toujours est-il que ce The Winter Is Coming se paye le luxe d’être à la fois expérimental et catchy, et surtout de plus en plus jouissif au fil des écoutes. Réellement. Chaque morceau sans exception est à tomber. Voilà ce que devrait être la pop. Et quand je vois qu’au final seuls deux chroniqueurs (appelons les 1 et 2) se sont penchés sur le sujet en français, et qu’en plus l’un des deux dit n’importe quoi -devinez lequel- je me dis que ce disque mérite son statut de classique oublié.

En bref : de la pop, de la folk, du psyché, du lo-fi, et surtout cet immense souffle d’un groupe trop rare et trop peu connu. Le collectif Elephant 6 livrait encore il y a 10 ans des pièces essentielles de pop. Rien à dire. Parfait.




Le site officiel , le Myspace et l'album en streaming

"The Naughty villain" et "The Winter is coming" :




Lire la suite

08 janvier 2010

Atlas Sound - Logos (2009)

C'est le début de l'année, et c'est le moment où viennent les chroniques de dernière minute pour célébrer les disques que nous avons laissés passer l'année précédente. C'est le début de l'année, et c'est la fin d'une décennie, unité de temps chère à la critique musicale. Il y a le son des années soixante, et celui des années soixante-dix, les son des années quatre-vingt, et celui des années quatre-vingt-dix. La fin de l'année 2009, c'est la fin d'une décennie, et pour les deux un même constat : Animal Collective aura été omniprésent. 2009 a commencé avec le génial Merriweather Post Pavillion, elle s'est achevée avec Fall Be Kind, nouvel EP du trio. Entre-temps, on a entendu Noah Lennox chez Taken By Trees, et ici-même sur ce Logos, d'Atlas Sound. De même, Spirit they're gone, spirit they've vanished avait inauguré les années 2000 avec un nouveau folk, entre autres psychédélique, tortueux, et électronique. Et alors qu'Animal Collective sont partis vers d'autres cimes, laissant derrière eux quasiment tout ce que leur musique avait de folk, ce sont, puisque Grizzly Bear aussi l'ont laissé à d'autres, des gens comme Sin Fang Bous et Atlas Sound qui, après d'autres, ont cette année repris le flambeau, avec forte personnalité, et perpétué le son, en le modulant avec un génie propre, de Feels ou Sung Tongs.

Car ne parler que d'Animal Collective serait ignorer tout le génie et la personnalité de Bradford Cox, homme seul derrière Atlas Sound. Bradford Cox est l'auteur, avec son groupe Deerhunter, du grand dyptique shoegaze Microcastle / Weird Era Cont, sorti en 2008, adoré aux Etats-Unis, et étrangement passé assez inaperçu en France. Et alors qu'il s'agissait avec Deerhunter de jouer avec les ruptures, il s'agit chez Atlas Sound de jouer avec la répétition. En résulte onze objets musicaux insaisissables, onze plages aqueuses aux contours évaporés, construits sur des boucles qui mènent à une sorte de transe étrange, moins provoquée par des rythmiques massives comme chez Animal Collective que par d'intelligents motifs mélodiques circulaires.

En effet, on tourne en rond dans Logos, et c'est ce qui justement le rend si fascinant. Car loin de faire du surplace, grâce au génie de Bradford Cox, les chansons de Logos vont toujours de l'avant. En témoignent les neuf minutes quasi-kraut de "Quick Canal", chanté par Laetitia Sadier, chanteuse de Stereolab. Les chansons de Logos se déplacent en dessinant des boucles (cf l'étrange valse de "My Halo"), si bien que, parti de A, on ne rejoint jamais Z, ni même B ; on reste coincé quelque part sous X, obsédé, fasciné (à titre d'exemple, les cordes magnifiques dans lesquelles tombe "Attic Light"). La tête tourne, mais l'on suit, obsédé, fasciné. Ce qui n'est pas sans causer des vertiges. Mais ici le vertige n'est pas provoqué par une perception déformée de l'extérieur mais plutôt par le repli sur soi, et l'opacité de ce que l'on y perçoit. Les courbes de Logos sont concaves, ses chansons sont tournées vers l'intime. Le son est confiné, étouffé, et moite. Logos n'est pas sombre, non. Il est opaque. Trouble.

Le motif de l'onde, les sons liquides, l'opacité : oui, nous nageons en eaux troubles. Cette humidité suinte dès les premières secondes de "The Light That Failed". Les réverbérations des voix et les superpositions des couches de guitares et de sons électroniques se chargent de troubler le tout, et ce jusqu'à "Washington School", alors que, toujours, les sons coulent, gouttent, et ruissellent. Les rythmes et mélodies pop de "Walkabout" (chanté par Noah Lennox), "Shelia" et "Logos", le titre final, apportent un peu d'air et de clarté à l'ensemble. Mais attention, même la clarté est à double tranchant : "Shelia", beau à pleurer, parle, sans détour aucun, de la conscience de sa propre mort. Mais Logos n'est pas poignant, non. Il est troublant. Obsédant.

En bref : électro folk et mélodies pop en mode repeat pour une fascinante transe intime vécue comme une plongée en eaux troubles.




"Shelia":



Lire la suite

02 janvier 2010

Air - Love 2 (2009)

Après une symphonie de poche plutôt décevante en 2007, le duo versaillais Air était sans conteste attendu au tournant. Certains prévoyaient déjà une énième production ouatée et dénuée de caractère pour ce nouvel opus baptisé sans trop de folie Love 2. Pour ma part, quoiqu'éloigné des rivages du scepticisme, je demeurais méfiant. Méfiance est mère de sûreté. Ceci étant, il ne me fallut guère d'écoutes pour me rendre compte de mon erreur, j'avais oublié trop vite mon goût immodéré pour les caresses synthétiques des deux garçons, leur extraordinaire talent de composition et leur doux génie.

Annoncé par le maxi Sing Sang Sung, nous renvoyant vers les cieux bénis de Moon Safari il y a déjà plus de dix ans, Love 2 laboure peu ou prou le même sillon que ses prédécesseurs. A savoir une électro chic aux forts accents pop et à la douceur légendaire. Plus qu'un aggloméré de qualificatifs une sorte de brillant concept musical, poussant malheureusement parfois à l'ennui à force de lustre et de précision. Pocket Symphony fût, sous certains aspects, l'incarnation de cette lassitude. Si les territoires du duo demeurent globalement les mêmes, Jean-Benoît Dunckel et Nicolas Godin se sont cependant attelés à les agrémenter de poussées hormonales beaucoup plus frivoles qu'à l'accoutumée, prenant des atours de rock psyché, de space funk ou bien encore de groove funky séminal. En somme, de quoi mettre un peu de piquant à une musique - vous l'aurez compris - jugée trop souvent gentillette et fleur bleue.


"Do the joy", plage typiquement Air-ienne avec ses vastes lignes de synthétiseurs et ses samples vocaux virginaux, se charge de l'entrée en matière. Rien de bien décoiffant mais le signe avant-coureur d'un met de bon goût qui n'aura de cesse de prendre corps au fil des titres. Il ne faut guère attendre pour que la première "masterpiece" du disque ne se profile et n'affole véritablement nos conduits auditifs. Sans trop de fioritures, mais avec une sens aiguisé des arrangements et de la composition - réflexion récurrente à l'écoute de cette album - le duo versaillais sculpte le scintillant "Love", à la ligne de basse délicieusement groove et aux discrètes percussions boisées me rappelant aux claves des classes de musique de mon enfance... Et voilà une première pépite de sensualité dégainée, délicatement servie dans son écrin synthétique.

De bout en bout raffiné et jubilatoire, Love 2 se partage entre des titres de factures plus classiques - sans pour autant en être moins convaincants - comme "Heaven's light" ou "You can tell it to everybody", dans la lignée directe de Talkie Walkie, et des plages ménageant une place marquée à des influences plus rares chez Air. Le rock "Eat my beat" étale ses guitares éjaculatoires et cabotines tandis que "Missing the light of the day" déroule ses rivières de synthétiseurs 90's et ses voix féminines éthérées. Les arrangements et la production laissent totalement coi et face à tant d'éclat difficile est de se laisser aller à la critique. Les très bons morceaux sont nombreux mais sans hésitation le climax est atteint avec "Tropical disease". Altier avec ses arpèges de piano classique, ses montées cuivrées ronflantes et ses délicates touches de flûtes, le titre s'avère plus que jamais un bijou de composition. Sept minutes de romance à la fois mélancolique et héroïque conclues par un solo de guitare déchirant, et une façon nette de mettre un terme à toute discussion concernant ce nouvel opus. Bluffé, il ne reste plus qu'à courber l'échine devant l'incroyable maîtrise des deux Versaillais. Qui oserait ne pas aimer cette musique ?

En bref : Brillant, sexuel et raffiné, Love 2 vous fera oublier les quelques déceptions ressenties à l'écoute du précédent album de Air. Sans fausse note, un modèle de classe électronique à la française.




A lire aussi : Air - Pocket Symphony (2007) et Air - Live aux Docks des Suds (2007)

"Tropical disease" :



"Sing sang sung" :


Lire la suite